Pourquoi l'affaire Grégory fascine tant
C’est le fait divers le plus célèbre de France et surtout une affaire qui ne s'arrête jamais. Le ou les assassins de ce garçon de quatre ans, retrouvé mort dans la Vologne en 1984 n’ont jamais été identifiés, mais la justice n’a pas renoncé malgré les années qui passent.
Mercredi la cour d’appel de Dijon a accepté une demande des parents de Grégory: que l’on procède à de nouvelles expertises dites d’ADN de parentèle. C'est-à-dire que l’on élargit les recherches en essayant d’identifier non pas un individu mais quelqu’un de sa famille.
La justice a également ordonné un extrait ADN de 37 nouvelles personnes. Cela fait maintenant 20 ans que l’on espère que les progrès de la science résoudront un jour ce mystère. On a quelques traces d’ADN retrouvées sur un timbre, mais depuis 20 ans, toutes les analyses ont échoué.
A LIRE AUSSI > Affaire du petit Grégory: que peut-on attendre des nouvelles expertises ADN?
Les dernières mises en examen n’ont pas permis non plus de faire avancer l'enquête
En 2017, le juge dijonnais qui mène l’instruction avait tenté un coup de poker. Il avait fait arrêter et incarcérer, les époux Jacob, grand oncle et grande tante du petit Gregory. Plus deux autres proches de Bernard Laroche, le suspect qui a été tué par Jean-Marie Villemin en 1985.
Ces quatre personnes ont été mises en examen pour l'enlèvement suivi de la mort de l’enfant. Mais personne n’a rien avoué et les poursuites ont finalement été annulées pour vice de forme. Retour à la case départ.
L’affaire continue à déclencher des passions
On pourrait les appeler les obsédés de l'affaire Gregory. Une enquête de M, le magazine du monde, avait raconté que sur les lieux du drame, il y a encore des gens qui rodent régulièrement. Qui veulent refaire l'enquête, qui re-chronomètrent par exemple pour la millième fois le temps qu’il faut pour aller de la maison des Villemin à La Poste d'où à été envoyée la lettre de revendication du corbeau. 36 ans après, des Sherlock Holmes amateurs pensent pouvoir résoudre le mystère en interrogeant des voisins. Des voisins qui pour la plupart n’en peuvent plus.
Les “obsédés” de l’affaire Grégory sont aussi très actifs sur Facebook
Il y a environ 20.000 passionnés qui enquêtent depuis leur canapé, qui discutent, qui se disputent, pèsent les hypothèses. Beaucoup y passent des heures tous les jours.
Et ce ne sont pas que des anonymes. Un des groupes Facebook est animé par sont ceux qui à l'époque avaient accusé Christine Villemin, la mère de l’enfant. Totalement innocentée ensuite.
Le commissaire de police Jacques Corazzi de la PJ de Nancy, aujourd’hui à la retraite continue à accabler Christine Villemin. Très présente aussi sur Facebook, Marie-France Bezzina, la journaliste qui avec son mari Jean-Michel Bezzina avait alimenté jour après jour la rumeur de la culpabilité de la mère. 36 ans après, le commissaire et la journaliste s’acharnent encore.
Aucun autre faits divers n’a fait l’objet d’une telle couverture médiatique
A l'époque, l’affaire à fait la Une de Paris Match semaine après semaine, pendant plusieurs années. Et la une des journaux télévisés plus qu’aucun autre fait divers. C’est le mètre étalon de l'emballement médiatique.
Et aujourd’hui ce n’est pas fini. “La malédiction de la Vologne", c'était le titre récemment d’une série documentaire sur France 3. Gros succès. Le documentaire de Netflix, juste après a fait connaître l'affaire jusqu’au aux Etats-Unis. Une fiction doit encore sortir sur TF1 au printemps avec Gérard Jugnot et Michaël Youn.
Et puis on pourrait remplir une bibliothèque avec les livres écrits sur l’affaire. Livres des avocats, livres des enquêteurs, des gendarmes. Et à chaque fois en les lisant on mesure à quel point, ils sont tous encore habités par le mystère.
La journaliste Laurence Lacour, correspondante d'Europe 1 à l'époque, a écrit le livre le plus complet. “Le bûcher des innocents” qui raconte bien l'hystérie qui a entouré ce drame, qui raconte toutes les dérives de la presse, en ne cachant pas ses propres erreurs.
Puis Laurence Lacour a écrit un deuxième livre, “Gendi Djenda” pour raconter à quel point elle-même avait été détruite et comment elle avait essayé de se reconstituer en marchant seule sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Aujourd’hui Laurence Lacour a réussi à décrocher. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.