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Affaire du petit Grégory: que peut-on attendre des nouvelles expertises ADN?

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Plus de 36 ans après l'assassinat de Grégory Villemin, la justice a autorisé de nouvelles expertises génétiques demandées par ses parents, plus que jamais déterminés à connaître la vérité sur la mort de leur enfant en 1984.

La chambre d'instruction de la Cour d'appel de Dijon a accepté "la quasi-totalité" des demandes de nouvelles expertises, notamment en recherche d'ADN de parentèle, dans l'enquête sur l'assassinat du petit Grégory Villemin en 1984, a indiqué mercredi à l'AFP un avocat des parents de Grégory.

"La cour d'appel a fait droit à la quasi-totalité des demandes de nouvelles recherches, notamment en matière de parentèle", a indiqué Me François Saint-Pierre, un des avocats du couple Villemin.

C'est devant la Cour d'appel de Dijon, où le dossier est instruit depuis 1987, que les avocats de Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de Grégory, avaient demandé le 16 décembre que de nouvelles expertises soient diligentées dans l'un des dossiers les plus énigmatiques des annales judiciaires contemporaines. De précédentes expertises génétiques n'avaient rien donné.

Au coeur de leur requête : la recherche d'"ADN de parentèle", qui permet de comparer une empreinte génétique avec d'autres susceptibles d'être issues de la même parenté. Une méthode employée avec succès dans quelques "cold cases" criminels, comme en 2012 dans le dossier Élodie Kulik, violée et assassinée dix ans plus tôt.

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"Puzzle"

Les Villemin souhaitent que la recherche soit faite sur les neuf traces ADN figurant dans le dossier et transmises au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Elles avaient été prélevées sur des courriers anonymes, une seringue et les vêtements de Grégory, retrouvé mort le 16 octobre 1984 dans la Vologne, à Docelles (Vosges).

Les parents de Grégory, qui demandent aussi de nouveaux prélèvements génétiques sur plusieurs personnes, sollicitent le recours au "portrait-robot génétique", qui permet à partir d'une empreinte ADN de déterminer la couleur des cheveux ou des yeux d'une personne. Les résultats des expertises, pas attendus avant plusieurs mois, pourraient apporter des "pièces" intéressantes au "puzzle" que constitue ce dossier, espère Me Thierry Moser, avocat historique des Villemin.

"Nous sommes convaincus d'avoir affaire à un crime collectif", explique le conseil, dont un livre récent comporte une postface du père de Grégory: à 62 ans, il y dit son espoir d'aboutir "dans un avenir pas trop éloigné, à une juste solution".

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Et la stylométrie?

Déjà riche en rebondissements, ce dossier avait connu en 2017 un développement inattendu, nourri par le logiciel d'analyse criminelle Anacrim, avec la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory alors âgés de 72 ans, et de Murielle Bolle, 51 ans, personnage-clé de l'affaire. Mais ces trois mises en examen avaient été annulées en mai 2018 sur des points de procédure.

Parmi les autres éléments qui pourraient relancer l'enquête: un rapport de stylométrie. Révélé par Le Parisien, il incriminerait "un suspect" mais n'a étonnamment pas encore été versé au dossier.

L'avocat des époux Jacob craint que la justice ne se soit fait avoir. Car les nouvelles avancées dépendraient d'une expertise réalisée avec une technique novatrice d'analyse des textes du fameux corbeau qui avait menacé les parents de Grégory, la stylométrie. "C'est de la charlatanerie, ce n'est pas très sérieux. Ce dossier mérite autre chose que cette pratique", déplore Frédéric Berna.

Le nouveau juge en charge du dossier a entendu début décembre plusieurs témoins, issus de l'entourage familial et du voisinage du petit Grégory en 1984. D'autres auditions d'enquêteurs et de journalistes de l'époque sont également prévues. 

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La rédaction de RMC (avec AFP)