Prisons: 79.631 détenus en France au 1er octobre, encore un nouveau record

Un gardien de prison allume des bougies à côté d'une banderole sur laquelle on peut lire "La prison au bord de l'explosion" lors d'une manifestation à la prison de Bordeaux-Gradignan, à l'extérieur de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 15 mai 2024. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP
En un an, ce sont près de 5.300 personnes supplémentaires qui sont incarcérées dans les prisons françaises souffrant d'une surpopulation chronique. Les prisons françaises comptaient 62.279 places opérationnelles au 1er octobre avec une densité carcérale établie à 127,9%.
La densité atteint les 155% en maison d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines. Elle atteint ou dépasse les 200% dans 14 établissements ou quartiers. Conséquence: 3.810 détenus sont contraints de dormir sur un matelas au sol, contre 2.480 le 1er octobre 2023.
La France parmi les mauvais élèves
Parmi les personnes incarcérées, 21.049 sont des prévenus, en détention dans l'attente de leur jugement définitif. Au total, 95.712 personnes étaient placées sous écrou au 1er octobre. Parmi elles, on compte 16.081 personnes non détenues faisant l'objet d'un placement sous bracelet électronique ou d'un placement à l'extérieur.
La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en terme de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l'Europe.
Des mesures ont pourtant été prises pour tenter de remédier à ce problème, telles que l'interdiction des peines de prison de moins d'un mois, l'aménagement des peines ou encore le développement de travaux d'intérêt général.
Dans un communiqué commun mercredi, 32 organisations - dont l'Observatoire international des prisons, le Syndicat de la magistrature ou le Syndicat des avocats de France - ont dénoncé un "énième record" et une politique pénale "coûteuse, inefficace et source d'indignité" qui "doit radicalement changer".
Ces organisations pointent du doigt de récentes annonces politiques qu'elles qualifient d'"insensées", comme la proposition du Rassemblement national de rétablir les peines planchers, une mesure que le parti d'extrême droite défendra jeudi à l'Assemblée nationale dans le cadre de sa niche parlementaire, mais aussi la volonté affichée du gouvernement de moins recourir aux aménagements de peine.
Des objectfis
"L'obsession pour la construction" de nouvelles places de prison relève également d'une politique "inefficace et coûteuse", critiquent également les 32 organisations, qui précisent que selon l'administration pénitentiaire, en 2025, la dette accumulée pour ces constructions approchera 5,4 milliards d'euros.
Les précédents gouvernements tablaient sur la construction de 18.000 places de prison d'ici 2027 pour porter la capacité à 78.000 places opérationnelles. Selon une source proche du dossier, sur cet objectif, seules 4.500 places ont vu le jour à ce stade.