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Police-Justice

Procès AZF: "Faire peur pour obtenir de l'argent", explique le prévenu au premier jour du procès

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La première journée d'audience du procès du "groupe AZF", qui menaçait il y a 20 ans de faire sauter des bombes posées sur des voies ferrées en rançonnant l'Etat, s'est ouvert ce mardi 13 février. A la barre, l'un des deux prévenus, instigateur principal de l'opération, a reconnu qu'il y avait bien un "risque résiduel" à ce que l'un de ses engins explose, avant de reconnaître d'avoir "fait une énorme bêtise".

Le procès du "groupe AZF" s'est ouvert ce mardi 13 février, devant le tribunal de Paris. Deux prévenus, un homme de 76 ans et une femme de 61 ans, comparaissent. Le premier est un ancien patron d'entreprise, la seconde était son employée.

Fin 2003, ils avaient tout deux menacé de faire exploser des bombes sur des voies ferrées si l'Etat ne leur versait pas une rançon, de 4 à 8 millions d'euros. Les deux prévenus sont jugés pour association de malfaiteurs et fabrication et détention sans autorisation d'engins explosifs.

AZF se présentait à l'époque comme un "groupe de pression à caractère terroriste secrètement créé au sein d'une confrérie laïque à spécificité éthique et politique".

Deux bombes retrouvées

Même 20 ans après, la lecture des courriers qu’envoyait AZF aux autorités (neuf au total) fait froid dans le dos. C’était "un scénario uniquement destiné à faire peur pour obtenir de l’argent", explique à la barre Michel, 76 ans, le verbe facile.

Sur les indications du groupe, les autorités avaient retrouvé le 21 février 2004 une première bombe - "sophistiquée" et en état de fonctionner - sur la ligne Paris-Toulouse à hauteur de Folles (Haute-Vienne). Une seconde bombe avait été découverte fortuitement par un agent SNCF le 24 mars 2004 dans l'Aube, sur la voie Paris-Troyes-Bâle. Le lendemain, "AZF" annonçait par courrier aux autorités la suspension de son action, en précisant: "Sans rancune et à bientôt".

Les lettres, les bombes surtout, c’était lui. A "100%", assure à la barre celui qui méprise, au passage, les experts en déminage ayant analysé ses deux engins découverts au bord des voies ferrées. Contrairement à eux, il soutient que la 1ère bombe sophistiquée ne pouvait pas exploser… avant d’admettre qu’il y avait bien "un risque résiduel".

Un prévenu utopiste, complotiste, anticapitaliste... mais de droite

"J’ai fait une énorme bêtise, je n’aurais jamais dû monter cette opération", reconnaît, les bras ballants, l’ancien petit patron ruiné. Utopiste, complotiste et anticapitaliste, tout en se disant "de droite", Michel confirme qu’il voulait rançonner l’Etat pour financer la création de moteurs à eau… "Ça a déraillé complètement…", souffle-t-il. "C'est le cas de le dire", tacle la présidente. Les deux prévenus encourent dix ans d'emprisonnement.

LM avec GB