Procès Bygmallion: "Cette campagne 2012, c'était une dinguerie, on est partis en sucette", témoigne Jérôme Lavrilleux à la barre

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Au procès Bygmalion qui se tenait jeudi devant le tribunal judiciaire de Paris, Jérôme Lavrilleux a maintenu sa version des faits: oui il y a bien eu un système de fausses factures pendant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, mais il ne sait pas qui en a été l'instigateur.
L'ancien directeur-adjoint de la campagne et directeur de cabinet de Jean-François Copé, à l'époque patron de l'UMP, s'est défendu pendant plusieurs heures à la barre, souvent agacé et amer.
Il est le seul ancien cadre de l'UMP à reconnaître cette fraude et à assumer sa responsabilité. En 2014, il avait avoué en pleurs sur le plateau de BFM TV, un "dérapage". Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ont en effet dépassé de 20 millions le plafond autorisé par la loi.
Un dérapage dissimulé grâce à un système de fausses factures qui avaient imputé les dépenses au parti et non au candidat.
Au total, 14 personnes sont jugées pour cette affaire de fausses factures, dont l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, qui encourt une peine d’un an de prison et qui devrait comparaître dans la semaine du 14 juin.
Lavrilleux: "La tentation est grande de faire porter le chapeau à quelqu'un et pour beaucoup j'ai une tête à chapeau"
Jérôme Lavrilleux assume sa responsabilité certes, mais il ne veut pas tout assumer seul. Dans cette affaire, "la tentation est grande de faire porter le chapeau à quelqu'un et pour beaucoup j'ai une tête à chapeau", s'agace-t-il à la barre.
Alors oui, il a validé a posteriori le système de fausses factures permettant à Nicolas Sarkozy de rester dans le cadre légal des dépenses de campagne, mais il n'en est pas l'instigateur, il ne sait pas non plus qui en a eu l'idée.
"Les choses se seraient donc faites à votre insu, vous le directeur adjoint de campagne" insiste la présidente? "Les décisions stratégiques se prenaient à l'Elysée avec le président candidat", répond-il.
"Je n'ai pas participé aux réunions avec les experts comptables, je ne savais pas qu'on allait dans le mur. On m'a demandé de faire toujours plus de meetings, jusqu'à un par jour, cette campagne c'était une dinguerie et on est partis en sucette !
Alors qui a eu cette idée ? "C'est une question qui va continuer à me hanter pendant longtemps", conclut-il.