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Police-Justice

Procès de l'affaire Théo: trois policiers condamnés à des peines de 3 à 12 mois de prison avec sursis

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Le verdict est tombé dans le procès concernant les blessures infligées à Théo Luhaka lors de son interpellation en 2017 à Aulnay-sous-Bois. Trois policiers ont été condamnés à des peines allant de trois à 12 mois de prison avec sursis.

Les trois policiers jugés devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis ont été condamnés pour violences volontaires, ce vendredi, à des peines de prison avec sursis allant de trois à 12 mois pour avoir grièvement blessé Théo Luhaka le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Le policier auteur du coup de matraque a écopé de la peine la plus lourde, soit 12 mois de prison avec sursis.

L'inculpation criminelle non retenue

La cour n’a pas retenu l’inculpation criminelle de violences volontaires ayant entraîné une infirmité ou mutilation permanente: "La Cour n'a pas la conviction que les lésions organiques présentées par Monsieur Luhaka, en dépit de leur caractère particulièrement grave ont entraîné pour lui la privation irrémédiable de l'usage de ses facultés organiques, dépassant de simples gênes ou amoindrissements, seraient-ils permanents tels qu'une incontinence aux gaz." Elle a estimé que le coup d’estoc qui a provoqué de graves blessures dans la zone perianale de Théo est bien une infraction pénale mais uniquement délictuelle, considérant que Théo Luhaka ne souffrait pas de séquelles irréversibles.

Théodore Luhaka, aujourd'hui âgé de 29 ans, est porteur d'une infirmité depuis son interpellation le 2 février 2017 par les trois fonctionnaires de la brigade spécialisée de terrain (BST). La scène captée par les caméras de la ville d'Aulnay-sous-Bois montre les policiers procéder à l'arrestation du jeune homme, qui s'y oppose.

Au cours de l'empoignade, M. Castelain porte un coup avec la pointe de son bâton télescopique de défense (BTD) à travers le caleçon de la victime. Ce coup d'estoc provoque la rupture de son sphincter (muscle annulaire) avec une plaie de dix centimètres de profondeur. Malgré deux opérations chirurgicales, Théo Luhaka souffre d'incontinence et garde des séquelles irréversibles, selon les experts médicaux. Il avait confié s'être "senti violé" au cours du procès qui a duré deux semaines.

Le fonctionnaire de police avait exprimé sa "compassion" après avoir provoqué la grave blessure mais a estimé son "coup légitime", "enseigné à l'école". Une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait conclu à "un usage disproportionné de la force" lors de l'interpellation. Les trois agents ont été mutés dans leurs régions d'origine.

Presque sept ans après cette "affaire Théo" au retentissement national, le débat sur le maintien de l'ordre et l'usage de la force n'a cessé de ressurgir avec notamment la mort de Nahel, tué lors d'un contrôle routier par un tir de police en juin.

A.Bo avec M.Dubreuil et AFP