Procès de l'attentat de Magnanville: "Il n'y a plus d'endroit paisible pour les policiers"

Le 13 juin 2016, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, un couple de policiers, perdaient la vie, assassinés à leur domicile, à Magnanville (Yvelines), devant leur fils de 3 ans. L’auteur des faits, Larosse Abballa, est neutralisé le soir-même par le Raid. Le procès s’ouvre ce lundi. Dans le box des accusés, Mohamed Lamine est jugé à partir de ce lundi pour complicité d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste.
“Les policiers sont traumatisés”
Un événement tragique qui a marqué la profession: "Les policiers sont traumatisés et disent: 'nous ne sommes plus à l’abri nulle part'", raconte Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-FO.
La déléguée syndicale, qui sera présente au procès en tant que partie civile, témoigne, ce matin au de RMC, des difficultés auxquelles sont confrontés les policiers: "Je suis entré dans la police en 2006 et déjà à l’époque on nous conseillait de ne pas habiter sur notre lieu d’exercice ou aux alentours immédiats".
"On doit éviter les quartiers difficiles où potentiellement les délinquants et criminels pourraient discuter entre eux pour donner notre identité", ajoute-elle.
Des contraintes qui sont censées protéger les forces de l’ordre lorsqu’ils ne sont pas en service. “Cela semblait être le cas” pour le couple de policiers assassiné. "On a constaté qu’il n’y avait plus d’endroit paisible pour les policiers, même en habitant loin, même en habitant dans un lotissement, même en n’exerçant pas sur la voie publique", explique Linda Kebbab.
Des mesures insuffisantes
Des mesures ont suivi cet attentat, dans le but de protéger davantage les membres de la police: l’autorisation du port d'armes en dehors des heures de service ou l’anonymisation du nom des policiers dans certaines procédures. Linda Kebbab déplore le fait que cette dernière mesure ne soit pas appliquée correctement.
Ce n’est pas suffisant pour la déléguée nationale d’Unité SGP Police-FO : "Notre revendication syndicale, c’est l’anonymisation dès le début". "Il faut savoir que, fonction publique oblige, pour les jeunes qui aujourd’hui passent le concours de gardiens de la paix, les résultats des concours sont publiés sur internet", explique-t-elle. Une publication qui amène une vulnérabilité certaine selon elle, qui déplore dans le même temps "un sentiment profond que les institutions ne nous protègent pas".