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Procès des assistants parlementaires du FN: avant le verdict, Marine le Pen joue la sérénité

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Marine Le Pen fixée sur son sort à 10h ce lundi matin. Le tribunal correctionnel de Paris va rendre son jugement quatre mois après la fin du procès des assistants parlementaires du FN. À l'automne dernier, le parquet a requis cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende ainsi qu'une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, c'est-à-dire à effet immédiat. Autrement dit, elle ne pourrait ne pas pouvoir se présenter à la présidentielle en 2027.

Plus que quelques heures avant que Marine Le Pen ne soit fixée sur son avenir politique. Le tribunal correctionnel de Paris rend son verdict ce lundi à partir de 10 heures dans l'affaire des assistants parlementaires présumés fictifs du Front national. Après quatre mois de délibérés, elle, et 24 autres prévenus vont donc connaître la sentence.
Mais tous les regards sont bien évidemment tournés sur celle qui a déjà été trois fois candidate à l'Élysée.

À l'automne dernier, le parquet avait requis, en plus des 5 ans de prison et 300 000 euros d'amende, une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire, c'est-à-dire à effet immédiat, sans suspension possible malgré un appel. Si cette peine venait à être appliquée, Marine Le Pen ne pourrait tout simplement pas être candidate à la présidentielle en 2027, sauf si en cas d'appel la peine était plus clémente et prononcée avant la présidentielle. L'enjeu pour elle et son camp est donc immense.

Invité sur RMC ce lundi matin, Mathieu Souquière, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, estime que le verdict de ce procès peut-être un moment "historique".

“On n’est pas dans l’actualité, on est potentiellement dans l’histoire. Aujourd'hui même si elle est présumée inocente, personne ne semble douter du fait qu'elle sera dans quelques heures condamnée. Ce qui veut dire qu'une des principales dirigeantespolitique de ce pays qui aujourd'hui à le vent en poupe, qui est donnée comme favorite de la prochaine élection présidentielle, pourrait voir son avenir politique stoppé", indique-t-il.

Marine le Pen ne cesse de le répéter, elle ne croit pas à une peine d'inéligibilité. Et ses proches non plus. "On ne se place pas dans cette hypothèse", confie aussi Jordan Bardella en petit comité. Une sérénité affichée comme pour forcer le destin alors que le risque qu'elle ne puisse se présenter à la prochaine présidentielle est bien réel.

"De toute façon, l'élection n'est pas demain. On aura le temps de se retourner en cas de condamnation”, temporise même un des plus proches de Marine Le Pen.

Pas de stratégie en cas d'inégibilité

Une manière aussi de reconnaître que pour l'heure, aucune stratégie n'est arrêtée. A bas bruits, certains cadres du Rassemblement national s'en plaignent. Les portes-paroles se font d'ailleurs discrets ces dernières heures dans les médias. L'un d'eux reconnaît quand même hors micro que pour lui, "un monde pourrait s'effondrer" ce lundi.

À Hénin-Beaumont, fief Lepéniste, ce procès est sur toutes les lèvres. Lors de la dernière présidentielle, 67% des votants d'Hénin-Beaumont ont choisi Marine Le Pen. Dans ce bastion, où elle a été élue députée sans discontinuer depuis 2017, une telle décision aurait l'effet d'une bombe.

“Comme elle est prête à aboutir son chemin politique vers la présidence, je pense qu’on veut l’arrêter aussi”, confie un habitant. “Je la soutiens quand même même si je ne suis pas FN. Elle passe bien ici, donc je la soutiens”, indique une autre. “Si elle pouvait être condamnée moi ça m’arrange comme ça, elle ne sera plus dans notre ville”, s’amuse un autre habitant interrogé au micro de RMC.

Le parti à la flamme a créé une pétition pour dénoncer "une tentative d'éliminer la voix de la véritable opposition", après les réquisitions du 13 novembre. Marine Le Pen avait réuni 13,2 millions de voix en 2022.

Cyprien Pézeril avec Guillaume Descours