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Police-Justice

Procès du tueur de DRH: l'accusé se pose en victime du système

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Gabriel Fortin, poursuivi pour le meurtre de deux anciens DRH qui l'avaient licencié et une cadre de Pôle Emploi, est sorti de son silence mardi pour se présenter en victime.

Poursuivi pour le meutre de deux anciens DRH qui l'avaient licencié et d'une salarié de Pôle Emploi, Gabriel Fortin, surnommé le "tueur de DRH", est sorti de son silence, mardi au premier jour de son procès devant les assises de la Drôme.

À l'évocation de son parcours et de son périple sanglant de 2021, l'accusé de 48 ans a pointé des "mensonges", affirmant que des élus et magistrats étaient "responsables" de sa "situation" pour ne pas avoir donné suite à ses multiples requêtes après des échecs professionnels qui, selon les enquêteurs, ont nourri sa vengeance.

"Il y a beaucoup de mensonges dans la continuité des faits dont j'ai été victime. Tout cela a impacté ma vie personnelle, ma vie professionnelle", a déclaré l'accusé

À la suite de ses licenciements en 2006 et 2009, l'accusé a expliqué avoir "envoyé de nombreuses plaintes" aux procureurs de Chartres, Valence et Nancy, "à des députés, à des ministres de la Justice" et au Défenseur des droits, vers lesquels il reporte la responsabilité de ses actes.

Ces "personnes en capacité d'agir sont responsables de ma situation", a-t-il affirmé. Sur ces mots, une légère agitation a secoué la salle, puis le président de la cour d'assises a interrompu l'échange.

La mère de l'accusé en pleurs

La mère de Gabriel Fortin, 78 ans, est ensuite apparue à la barre pour décrire un enfant métis "attentionné" qui a grandi sans père, parti refaire sa vie au Gabon, avant d'éclater subitement en sanglots au moment de découvrir que son fils se trouvait à sa gauche, derrière la vitre du box des accusés.

"Explique leur le pourquoi, ils ont besoin de savoir pour faire leur deuil", l'a-t-elle imploré.

"Je t'en prie ! Réponds bien aux questions qu'on te pose, essaie de leur dire ce qu'il s'est passé", a-t-elle ajouté.

Imperturbable, l'accusé demande la parole pour froidement répéter sa précédente déclaration. "L'affaire est finie", conclut-il en se rasseyant, sans un mot pour les familles des victimes ou sa mère malgré les exhortations de celle-ci.

Dans la matinée, les parties civiles ont craint de voir le box rester vide, l'accusé ayant jusqu'à présent refusé de collaborer aux interrogatoires, expertises et reconstitutions. Mais l'homme, à la carrure épaisse et aux cheveux rasés masquant sa calvitie, est finalement apparu dans l'espace vitré réservé aux accusés.

Verdict le 30 juin

Au terme des trois semaines de procès consacré aux trois assassinats, ainsi qu'à une tentative d'assassinat, Gabriel Fortin, en détention provisoire depuis sa mise en examen, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Socialement isolé, l'ingénieur discret habitant Nancy, amateur de tir sportif, vivait le chômage comme une injustice et ne supportait pas d'être déclassé socialement. Selon le parquet, ces meurtres semblent avoir été minutieusement préparés. De nombreux repérages et préparatifs consignés en attestent. Le verdict est attendu le 30 juin.

T.R.C. avec AFP