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Procès Sarkozy: "Où est la morale?", s'interroge la sœur d'une victime de l'attentat du DC10 d'UTA

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TEMOIGNAGE RMC. Danièle Klein, qui a perdu son frère dans l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989, va témoigner ce jeudi lors du procès de Nicolas Sarkozy, Deux autres prévenus, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont reconnu avoir rencontré en Libye Abdallah Senoussi, condamné par la France à la perpétuité pour son rôle dans cet acte terroriste.

Des familles de victimes de terrorisme seront entendues ce jeudi au procès du présumé financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Elles ont perdu un proche dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989 qui avait fait 170 morts dont 54 Français. Une vingtaine de ces familles se sont constituées partie civile et certaines vont donc s’exprimer à l’audience.

Danièle Klein a perdu son frère Jean-Pierre dans l’attentat. Elle ne comprend pas comment les collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant puis Brice Hortefeux ont pu rencontrer secrètement en 2005 le responsable de cet acte terroriste, Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi et condamné à perpétuité par la France avec mandat d’arrêt international.

"Prendre le café avec le terroriste des terroristes, c'est inimaginable"

"Le fait de voir des hommes politiques avoir accepté de marchander, de rencontrer, prendre le café avec A. Senoussi, le terroriste des terroristes, c’est quelque chose d’inimaginable", s'indigne Danièle Klein au micro de RMC.

Une rencontre "absolument imprévue", a juré Brice Hortefeux à la barre, mercredi. "On me dit: 'Vous allez voir un membre de la famille de Mouammar Kadhafi'. Je pensais que c'était Saïf al-Islam", l'un des fils du dictateur, a-t-il dit, affirmant avoir été "accompagné" dans la "cohue" jusqu'à une "voiture officielle" dans laquelle il aurait seulement "compris" qui était son futur interlocuteur, selon ses propos rapportés par l'AFP.

L'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy a soutenu ne pas avoir été averti de la dangerosité de ce personnage, visé par un mandat d'arrêt. "Croyez-moi, j'aurais bien aimé, car je connais mon tempérament. On m'aurait mis en garde, je vous garantis que les Libyens, ils étaient pas prêts de me voir !"

Claude Guéant a soutenu, jeudi 16 janvier, que lui n'avait jamais été alerté.  Est-ce qu'il fait le lien ? "Oui bien sûr". "170 morts, réclusion criminelle à perpétuité ?". "Oui bien sûr", répète Claude Guéant dans un filet de voix. "J'étais obligé de rester, je n'allais pas provoquer un incident diplomatique."

Levée du mandat d'arrêt de Senoussi: "Ni dans mon pouvoir, ni dans mon intention", assure Sarkozy

D’après l’accusation, en échange d’un soutien financier à sa campagne, Nicolas Sarkozy et son entourage auraient notamment accepté d’aider Abdallah Senoussi, numéro deux du pouvoir libyen, à étudier la levée son mandat d’arrêt. "Kadhafi a évoqué cette question. Je lui ai dit qu'il n'était ni dans mon pouvoir, ni dans mon intention de faire quoi que ce soit", a affirmé de son coté Nicolas Sarkozy, lors de son audition de lundi.

"Où est la morale ? Où est-ce qu’on est capable de pousser le curseur pour obtenir de l’argent pour un candidat ? C’est une atteinte à la démocratie, tout simplement"?, regrette Danièle Klein. Elle tient donc à témoigner ce jeudi, afin de porter la mémoire des victimes face à l’ancien président et ses coprévenus.

Guillaume Biet