Profils, responsabilisation, intervenants, impact: que se passe-t-il lors d'un "stage de citoyenneté?

Neuf personnes ont été condamnées, selon les informations de RMC, à suivre un stage de citoyenneté après les violences du week-end dernier en marge des célébrations de la victoire du PSG en Ligue des champions. Le tribunal de Chartres a permis à nos journalistes de suivre un stage similaire à ceux que devront effectuer les auteurs de violences et de dégradation à Paris.
Le rendez-vous est donné dès 9h30 dans une annexe du tribunal judiciaire de Chartres. 12 participants sont présents, tous très ponctuels, les visages un peu fatigués. Ils sont accueillis par Priscillia, intervenante socio-judiciaire au sein de l'association Assoedy, une structure conventionnée et mandatée par le ministère de la Justice, spécialisée dans la prévention de la délinquance et de la récidive.
Un public majoritairement masculin
Une fois que tout le monde est arrivé, direction un amphithéâtre comme à la fac, où les participants doivent émarger pour attester de leur présence car ce stage de citoyenneté est une sanction obligatoire. Ils ont d'ailleurs dû payer 150 euros de leur poche pour y participer.
Pour certains c'est une alternative aux poursuites, c'est-à-dire qu'après avoir reconnu leur culpabilité face au procureur, ils se sont engagés à honorer ce stage dans les six mois. Pour d'autres, c'est une peine complémentaire. Autrement dit, ils ont été jugés et ce stage fait partie de leur condamnation.
La grande majorité des participants sont masculins. Il y a seulement une femme ce jour-là. Quatre personnes sont âgés d'une vingtaine d'années, les autres sont âgés de 30 à 50 ans. Dès le début du stage, ils sont appelés à se présenter tour à tour, et à dire pour quelle infraction ils se retrouvent ici. Vols pour certains, violences pour d'autres, et quatre outrages et rébellion sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Des intervenants diversifiés
Au départ ils ne sont franchement pas heureux d'être là. "Moi je n'ai rien à faire ici", "on va passer une journée à se faire sermonner comme par nos parents", peut-on entendre. Cette première réaction est courante selon Priscillia, membre de l'association qui organise ce stage: "Ils ont l'impression qu'ils ont été victimes de la situation."
"Le but de cette journée, c'est vraiment de rappeler les valeurs de la République, de les responsabiliser par rapport à ça, de prendre conscience des conséquences par rapport à leur infraction", explique Priscillia.
Les différents intervenants présents tout au long de la journée ont pour but de sensibiliser et responsabiliser les personnes qui suivent le stage. Un juriste leur explique notamment le fonctionnement de la loi. Deux représentantes de France Victimes les sensibilisent, par exemple, aux conséquences de leurs infractions.
Un ancien gendarme, Jean-Luc Catillon, qui est désormais délégué du procureur de la République de Chartres, intervient dans son costume bleu marine. Il échange directement avec les auteurs d'outrages et de rébellion.
Un impact non négligeable
Le but de cette discussion est de créer un réel échange, de rappeler l'essence du métier des forces de l'ordre et l'importance du respect mutuel. "Le message aussi, c'est de leur dire 'ce policier que vous avez insulté, menacé, demain si vous êtes en danger, si vous avez besoin d'une aide, c'est ce même gendarme qui interviendra'. Ça les fait réfléchir", explique Jean-Luc Catillon. Ce dernier se félicite de l'impact que peut avoir son intervention sur certains participants:
"Je vois souvent, à la fin de mon intervention, ils viennent me voir, souvent les jeunes, et me disent 'mon regard va changer parce que je connais mieux le métier, parce que je connais les difficultés', c'est agréable."
Toutes les personnes présentes ont participé aux échanges tout au long de la journée et ont posé de nombreuses questions. Ils ont sincèrement réfléchi à leurs actes. Un jeune homme de 23 ans a accepté de répondre au micro de RMC. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende pour outrage et rébellion sur personne dépositaire de l'autorité publique.
"Personne n'est content d'être là. C'est une journée qui nous embête un petit peu, c'est le but du truc. Moi qui ne suis pas trop âgé, ça permet de grandir, de prendre en maturité et prendre conscience qu'il faut se mettre plus souvent à la place des autres", décrit-il.
"Je pense que je n'ai pas particulièrement appris de choses. Tout ça je le connaissais déjà, mais c'est plus que c'est un rappel. Je m'en souviendrai", souligne le jeune homme.
Si ce stage semble fonctionner pour certains, ce n'est pas une science exacte. "Des récidivistes, il y en aura", confie une membre de l'association, avant de poursuivre "mais dans ce cas, ils n'auront pas de seconde chance, et seront condamnés encore plus fermement".