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Police-Justice

Qui est Dominique Simmonot, journaliste du "Canard enchaîné" qui vient d'être nommée contrôleuse des prisons?

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LE PORTRAIT DE POINCA - Dominique Simonnot, journaliste au Canard enchainé, va être nommée contrôleuse des prisons à la surprise générale.

Nomination étonnante qui a surpris tout le monde y compris la première concernée qui ne s’y attendait pas du tout. "Ca va être décapant", nous disait lundi soir une magistrate qui connaît très bien la fonction et la nouvelle contrôleuse.

Dominique Simonnot c’est une journaliste-judiciaire pas comme les autres. D’abord parce qu’avant d'être embauché à Libération elle a travaillé 12 ans au tribunal de Nanterre, comme éducatrice en prison et contrôleuse des détenus en liberté conditionnelle. Elle connaît de l'intérieur l’univers carcéral.

Pas comme les autres aussi parce qu’elle a inventé un style journalistique. Ca s’appelait le “carnet de justice”. Cela consistait à aller assister incognito, aux audiences les plus banales et à les raconter sans commentaire.

De l’info brute, des tranches de la vie judiciaire montrant l’humanité ou l’inhumanité des présidents et des procureurs, la naïveté de jeunes avocats, la bêtise ou l'inconscient de certains accusés. Et à l’arrivée les peines qui tombent, “comme à la loterie nationale”, disait Dominique Simonnot. Elle a tenu ces carnets de campagne dans Libération puis au Canard enchaîné pendant plus de 20 ans.

La nouvelle "emmerdeuse officielle" au sein de l’appareil répressif

Désormais elle sera à la tête de cette autorité indépendante, le contrôle des lieux de privation de liberté. Quand elle le souhaite, en prévenant ou sans prévenir, elle pourra se présenter à la porte d’une prison, d’un commissariat, d’un centre de rétention pour étranger ou d’un hôpital psychiatrique et exigé qu’on lui ouvre les portes, qu’on la laisse interroger les prisonniers.

Et elle ne sera pas seule. Elle va diriger une cinquantaine de personnes dont 18 contrôleurs permanents. Elle succède aux deux premiers contrôleurs. 

D’abord Jean-Marie Delarue qui avait dénoncé la questions des rats et de la saleté aux Baumettes, à Marseille. La prison avait été rénové puis fermée. Puis Adeline Hazan qui, elle, avait découvert des malades mentaux attachés depuis plus d’un an a l'hôpital psychiatrique de Bourg-en-Bresse. Une loi avait mis fin à ces pratiques.

Dominique Simonnot sera bientôt la troisième à occuper ce poste. A 68 ans, elle devient, empêcheuse d’enfermer en rond, "l’emmerdeuse officielle" au sein de l’appareil répressif.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)