Rescapé du Bataclan: "J'ai toujours peur qu'ils viennent finir leur besogne"

TEMOIGNAGE - Trois semaines après les attaques à Saint-Denis et dans la capitale, selon le ministère de la Santé, 74 personnes sont toujours hospitalisées en Ile-de-France. Mais en plus des blessés physiques, il y a les autres rescapés, ceux qui sont touchés moralement comme Gaëtan, présent au Bataclan, ce vendredi 13 novembre.

Les attentats sont encore dans toutes les têtes. Trois semaines après, difficile de passer à autre chose pour beaucoup de Français. Encore plus pour les 74 personnes qui demeurent hospitalisées en Ile-de-France (chiffre du ministère de la Santé). Au total, les attaques terroristes du 13 novembre ont fait 130 victimes et 350 blessés. Mais outre les blessés physiques, il y a aussi les autres rescapés, ceux moralement touchés.

Parmi eux, Gaëtan Honoré 34 ans, père de deux filles de 3 et 8 ans. Le 13 novembre dernier, il avait fait la route depuis Nevers pour assister au concert des Eagles Of Death Metal, au Bataclan. C'est l'un de ses groupes préférés. L'enseignant en classe Ulis (enfants souffrant de handicap) en a réchappé, sans blessure apparente. S'il a voulu reprendre le travail le lundi 16 novembre, juste après les attentats, il n'a tenu que deux semaines, face à ses élèves.

"Je vais m'en sortir"

Stress, insomnies, épuisement... Gaëtan n'arrivait plus à assurer ses cours, totalement accaparé, par les souvenirs du Bataclan. "J'étais convaincu qu'ils étaient dans la cour et qu'ils allaient finir leur besogne, témoigne-t-il sur RMC. A chaque fois qu'il y avait un bruit, je regardais par la fenêtre pour savoir s'ils venaient. La nuit, je reste aux aguets". Et d'ajouter: "Je suis très, très inquiet notamment pour le sort de mes filles. A tel point que cette nuit, l'une d'elles avait un peu de fièvre: je suis resté à son chevet alors qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter autant".

Depuis une semaine, il est arrêté. Repos forcé, en famille, rendez-vous chez un psychologue… entre angoisse quasi permanente et espoir d'aller mieux. "Je regarde un peu de NBA, cela va bien avec mes insomnies. Je cours aussi énormément ce qui me permet de faire un peu de sport malgré la fatigue". Toutefois, il en est persuadé: "Je vais m'en sortir. C'est un peu le défi de mes prochains jours et prochains mois de survie". Gaëtan attend le feu vert de son médecin et espère retrouver ses élèves lundi prochain.

M.R avec Pierre Rigo