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Seine-Saint-Denis, Nord, Bouches-du-Rhône: dans quels départements se sent-on le moins en sécurité?

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Le ministère de l'Intérieur a publié des chiffres sur le sentiment d'insécurité des Français en fonction des départements. Une étude qui parle donc bien de "sentiment", et non pas de délinquance.

Une grande enquête du ministère de l’Intérieur révèle dans quels départements les Français se sentent le plus en insécurité. Selon le dictionnaire Le Larousse, le sentiment d’insécurité se définit comme le “Sentiment de vivre dans un environnement physique ou social favorisant les atteintes aux personnes et aux biens”. Le sentiment, c’est donc important de comprendre qu’on ne parle pas de délinquance, de faits, mais de peur de voir ces faits survenir.

Cette enquête a été menée auprès de 100.000 Français de tout le territoire, hors Mayotte et Guyane. Ce sont des chiffres de 2023, des données très fines, département par département. On comprend notamment ce qui nourrit ce sentiment d’insécurité et quelques éléments qui permettent d’y répondre.

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Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Dans quel département se sent-on le moins en sécurité ? - 16/01
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Et ce n’est pas une surprise, ce sont d’abord les grandes villes, les grandes métropoles qui sont concernées. Paris et l’Île-de-France. Lille, le Nord et le Pas-de-Calais. La région lyonnaise, l’agglomération marseillaise aussi… Tout l’arc méditerranéen en réalité.

Les départements où le sentiment d'insécurité est le plus fort : 1. Seine-Saint-Denis ; 2. Paris ; 3. Bouches-du-Rhône ; 4. Val-de-Marne ; 5. Nord ...

Un sentiment lié à la présence policière?

Sur l’ensemble du territoire, 21 % des Français déclarent se sentir souvent ou de temps en temps en insécurité dans leur quartier ou leur village. Mais il y a de grandes disparités. En Seine-Saint-Denis par exemple, plus d’un tiers des habitants sont concernés.

À l’inverse, il y a bien sûr des départements plus sereins. Sur le podium des départements où l’on se sent le moins en insécurité dans son quartier ou retrouve ex aequo, le Gers et la Haute-Corse. C’est dans la Manche, en pointe de la Normandie que l’on se sent le plus en sécurité. Seulement 6,6% des habitants se déclarent préoccupés.

Les départements où l'on se sent le moins en insécurité : 1. Manche ; 2. Haute-Corse ; 3. Gers ; 4. Hautes-Alpes ; 5. Aveyron ...

"L’État de droit n’est pas l’État de faiblesse"

Ces chiffres, le ministère de l’Intérieur les croise à d’autres indicateurs territoriaux. D’abord, la présence policière. C’est à souligner, c’est aussi dans la Manche que l’on compte le moins de Forces de Sécurité par habitant. Ils sont 26 pour 10.000 habitants, dans le Gers c’est 27.

Il y a les forces de sécurité présentes et celles que l’on voit. Dans sa déclaration de politique générale mardi, François Bayrou a évoqué la perception des Français du travail des policiers et gendarmes. “La présence des forces de sécurité sur le terrain, à travers par exemple de nouvelles brigades de gendarmerie, devra confirmer à nos concitoyens que l’État de droit n’est pas l’État de faiblesse”, a-t-il indiqué.

Il faut des forces de sécurité, il faut aussi les montrer. Dans son analyse des données du ministère de l’Intérieur mercredi, Le Figaro distingue les effectifs de la perception qu’en ont les habitants. C’est-à-dire la fréquence à laquelle on observe des patrouilles de policiers ou gendarmes près de chez soi.

Sentiment d'insécurité ou insécurité réelle?

En Corrèze par exemple, les habitants voient assez peu de patrouilles. C’est pourtant le deuxième département avec le plus de forces de l’ordre par habitant. C’est le lot en fait des départements ruraux où les habitants sont éloignés des forces de l’ordre.

Reste la question du lien entre sentiment d’insécurité et insécurité réelle. Est-ce que les données correspondent ? Si on ne peut pas forcément calquer les deux, il y a bien un lien de cause à effet.

Alors il ne faut pas tout prendre. Sur les stupéfiants, dont on parle beaucoup, ça ne marche pas parce qu’on compte surtout les opérations de police plus que la criminalité réelle.

Mais prenons les cambriolages par exemple. Là, on compare les données d’assurance avec le sentiment d’insécurité, et ça correspond. Idem pour ce qui est des coups et blessures avec les plaintes enregistrées. Là, c’est moins l’activité policière que les faits rapportés par la population que l’on mesure. Et donc là, le sentiment d’insécurité correspond à la délinquance réelle.

Matthieu Belliard