Simulacre de noyade en école de police: "L'instructeur est un tortionnaire" accuse le père d'un élève

C'est une nouvelle vidéo qui entache l'image de la formation des policiers. Un formateur de la police nationale a été suspendu après avoir été filmé lors d'un exercice de simulacre de noyade dans une école de police, à Oissel (Seine-Maritime). Une enquête administrative a été ouverte et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Sur les images, on voit un élève policier la tête recouverte d'un t-shirt noir sur lequel un instructeur verse de l'eau. L'élève semble suffoquer. Et quand il tente d'arracher le t-shirt, l'instructeur lui adresse des coups de poing en le sommant de poursuivre l'exercice.
Ce n'est pas la première fois que cette technique est utilisée sur des élèves officiers, assure ce jeudi sur RMC et RMC Story Laurent, dont le fils a été soumis à cet exercice lors de sa formation: "C'est arrivé à mon fils vendredi par le même instructeur. Le tortionnaire n'a aucun scrupule à se faire filmer. C'est la hiérarchie qui devrait en prendre plein le nez. Après, vous envoyez des policiers dans la rue avec cette mentalité d'en mettre plein la gueule à tout le monde", déplore-t-il.
"Cela fait deux mois et demi que ça dure, ce harcèlement. Et répéter aux élèves qu'ils sont des 'bons à rien', c'est comme ça que certains se mettent une balle", ajoute Laurent dans Les Grandes Gueules. "Derrière, il y a l'emprise et la menace", poursuit-il, estimant que sans la vidéo, l'instructeur continuerait à sévir.
"Fait isolé"
"C'est une énorme connerie pour l'image de nos écoles de police", peste de son côté Bruno Pomart, ancien formateur du Raid. "Ce qu'il s'est passé avec ce formateur spécialisé dans les techniques d'information, c'est une vraie connerie", martèle-t-il, évoquant un "fait isolé", hors de la formation initiale des gardiens de la paix.
"On voit ça pour les groupes d'intervention, dans les unités spécialisées ou pour les forces spéciales de l'armée, mais pas avec des gardiens de la paix", ajoute Bruno Pomart, qui y voit "un délire à la con" inefficace dans la formation des policiers.
Un exercice bénéfique pour certains?
David, policier dans le Vaucluse, raconte avoir subi la même chose en formation. Mais il estime que ces exercices ont été bénéfiques pour son métier aujourd'hui: "On a vécu des choses hors des procédures de formation mais à chaque fois, le formateur n'oblige à rien, notre accord est nécessaire. J'ai vécu des parcours stress avec des bandes sonores terroristes dans le noir, après un effort intense, et cela me sert au quotidien dans mon travail", assure le fonctionnaire.
"Je me retrouve face à des gens armés, je ne stresse pas et grâce à ces formations, je suis encore en vie aujourd'hui", ajoute David.
Il explique ne pas avoir subi de simulacre de noyade mais avoir fait des exercices similaires. "Ce qui me choque, c'est que notre formation soit diffusée aux yeux de tous", estime David qui se dit contre la suspension du fonctionnaire et explique qu'avant l'exercice, un mot clé est défini permettant à l'élève de faire arrêter immédiatement l'exercice.
La technique filmée à l'école de police de Oissel s'apparente au "water-boarding", un simulacre de noyade. Une pratique employée notamment par la CIA dans les années 2000 pendant sa guerre contre Al-Qaïda et le terrorisme, et reconnue comme une méthode de torture par l'ONU.