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Police-Justice

"T'es toujours en vie?" Une proviseure menacée de mort raconte à la barre son quotidien devenu un enfer

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Trois personnes étaient jugées vendredi par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir menacé de mort et provoqué le harcèlement en ligne de la proviseur du lycée Romain-Rolland, à Ivry-sur-Seine. En juin 2023, elles lui avaient reproché d'avoir fait retirer de force le voile à l'une d'entre elles. Placée sous protection policière, la cheffe d'établissement a raconté la barre le grand bouleversement que cela a provoqué chez elle et sur son entourage.

Trois personnes âgées de 18 à 20 ans étaient convoquées vendredi devant le tribunal de Paris pour avoir menacé de mort sur internet la proviseure du lycée Romain-Rolland d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

En juin 2023, une élève l'avait accusée d'avoir voulu retirer de force son voile islamique. Deux autres personnes sont mises en causes, provoquant un déchainement de haine sur les réseaux sociaux, jusqu'à la divulgation de l'identité de plusieurs personnels éducatifs... L'avocat de l'élève, Nabil Boudi, a plaidé "la maladresse" d'une jeune fille "dépressive" et "meurtrie", aujourd'hui "auto-entrepreneuse sans ressource", relate l'AFP.

Menaces, violences... les proviseurs en danger ? - 05/03
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Escortes policières

Près d'un an après les faits, l'ancienne proviseure est venue témoigner et décrire comment des milliers de menaces de mort virtuelles ont bousculé sa vie. La voix parfois tremblante, la quadragénaire a décrit méthodiquement sa lente descente aux enfers.

En juin 2023 son nom et sa photo sont diffusés partout sur les réseaux. S'ensuivent alors la peur, les insomnies, et puis les escortes policières, partout, tout le temps, pour la protéger avec sa famille, avant un départ à l'étranger dans le cadere d'une mutation. "Ma fille m'appelait tous les jours depuis son collège pour me dire "Et toi ? T'es toujours en vie ?"

"Ca vous dit quelque chose Samuel Paty"?

Face à elle, seul l'un des trois prévenus est présent. Le jeune homme de 20 ans s'excuse puis tente de se justifier. "Quand j'ai écrit "On va revenir te niquer", je ne pensais pas aux conséquences", bredouille t il. Des propos balayés par le président du tribunal. "Ca vous dit quelque chose Samuel Paty ? Vous avez conscience que ce que vous écrivez peut être mis à exécution ?"

Comme le président Eric Vivian s'interrogeait sur l'absence à l'audience de la principale prévenue, l'avocate d'une partie civile, Me Florence Lec, a brandi son téléphone, après consultation du compte Instagram de la prévenue : "Elle est aujourd'hui au Sofitel de Dubaï en train de prendre du bon temps au lieu de faire face aux victimes !".

Six mois de prison avec sursis requis

Six mois de prison avec sursis ont été requis à l'encontre de cette dernière, ainsi que cinq ans d'inéligibilité et un stage de citoyenneté, pour "harcèlement" et "divulgation d'information personnelle permettant d'identifier ou localiser une personne et l'exposant à un risque d'atteinte à sa personne ou ses biens".

Une peine de cinq mois de prison avec sursis a été requise contre le prévenu présent à l'audience, âgé de 20 ans. Le jugement attendu le 5 juillet prochain.

Un dossier similaire jugé le 26 juin à Paris

Un dossier similaire sera jugé le 26 juin à Paris, impliquant le proviseur du lycée parisien Maurice Ravel, menacé et obligé de se mettre en retrait après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, une affaire qui suscité une vague d'indignation en France.

Julie Brault avec LM