"TikTok a laissé Marie mourir": ils portent plainte contre l'application après le suicide de leur fille

C'est une première en France. Deux ans après le suicide de Marie, une adolescente de 15 ans victime de harcèlement scolaire par rapport à son poids à Cassis, ses parents ont décidé de porter plainte contre le réseau social TikTok.
Cette plainte a été déposée le 8 septembre contre le réseau social chinois pour "provocation au suicide", "non-assistance à personne en péril", et "propagande ou publicité des moyens de se donner la mort".
Un algorithme qui a généré du contenu dépressif
“TikTok a laissé Marie mourir sans rien faire”: ce sont les mots de Me Laure Boutron-Marmion, avocate des parents de la jeune fille. Cette dernière accuse le réseau social de ne pas avoir signalé les vidéos dans lesquelles l’adolescente abordait son mal-être, mais aussi, d'avoir accéléré son passage à l'acte.
"Quelques semaines avant son suicide, elle publiait de plus en plus de vidéos inquiétantes sur sa souffrance, sur son envie de se suicider. Des vidéos qui n’ont jamais été censurés par la plateforme alors qu’ils promettent des modérateurs de contenus”.
Dans la charte de l’application, il est également rappelé qu’il est interdit d’évoquer le suicide et l’automutilation. Mais “il n’en a rien été dans l’affaire de Marie”. Au contraire, selon l'avocate spécialisée dans la défense des mineurs, l'algorithme de TikTok a généré un contenu dépressif.
“Si le contenu que vous consultez, c'est un contenu sur l’automutilation et le suicide, évidement que toute la journée, vous allez avoir une proposition de contenu du même acabit”, explique-t-elle.
Un vide juridique
Mais cette plainte a peu de chance d'aboutir, estime Christophe Bigot, avocat spécialisé en droit du numérique, car l'algorithme de TikTok est une intelligence artificielle. Et jusqu'ici, aucune loi ne permet de l'attaquer en justice.
“Pour l’instant, on est un peu dans un vide juridique. Les textes sur la responsabilité de l’Intelligence Artificielle ne sont pas encore entrés en vigueur et ne sont même pas finalisés”, précise-t-il.
Les algorithmes des réseaux sociaux n'ont été mis qu'une seule fois en cause par la justice: l'année dernière, au Royaume-Uni, après le suicide d'une adolescente de 14 ans.
- Si vous êtes victime de harcèlement scolaire, parlez-en à votre CPE, vos amis ou votre famille. Il est important de ne pas rester seul.
- Vous pouvez contacter le numéro vert “Non au harcèlement”, au 3020. La ligne est ouverte du lundi au vendredi, de 9h à 20h, et le samedi de 9h à 18h. - Le 3018 est également joignable 7j/7, de 9h à 23h, en cas de cyberharcèlement.