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L'anniversaire d'un détenu à Lyon fait polémique: comment la contrebande pénètre dans les prisons?

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Portables, alcool... À l'image de la fête d'anniversaire d'un détenu à la prison Lyon-Corbas, la contrebande peine à être endiguée au sein des établissements pénitenciaires. Celle-ci est largement entretenue par les "parachutages de drones", explique sur RMC Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat UFAP UNSa Justice.

La contrebande carcérale peine à être endiguée. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos de détenus se filmant avec des téléphones portables et des objets interdits dans les prisons fleurissent chaque semaine. La dernière en date, devenue virale, montre un aniversaire dans une cellule de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, avec du gaz hilarant et de l'alcool... Une enquête a été ouverte.

Mais comment les prisonniers parviennent-ils à se procurer tous ces objets interdits et dangereux? "Tout se fait par parachutages via des drones", explique Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat UFAP UNSa Justice, dans Les Grandes Gueules. "Aujourd'hui, l'immense majorité des produits interdits dans les prisons font leur entrée par ce moyen. C'est un véritable fléau pour nous."

Les produits peuvent aussi entrer via des proches au parloir, des projections de colis par-dessus les enceintes des établissements pénitentiaires mais aussi parfois avec l'aide de complices, aboutissant, quand ces personnes sont identifiées, à des procédures pour corruption contre des agents pénitentiaires.

Une lutte très difficile

Ce fléau, qui "remet en question la sécurité du personnel", selon Wilfried Fonck, se généralise depuis plusieurs années dans les pénitenciers et permet de transporter une énorme quantité de matériel. "Il n'y a pas une seule journée sans une livraison de drone avec des objets interdits. Après, on se retouve avec des images sur les réseaux sociaux."

Selon les chiffres de l'administration pénitentiaire, en 2023, 700 survols ont été recensés et 54.000 téléphones saisis. "Ce qui me choque, c'est qu'on n'a toujours pas la capacité d'empêcher leur entrée", souffle le surveillant pénitentiaire au micro de RMC. "Il faut doter les établissements de détecteurs et de brouilleurs. Aujourd'hui, on sait qu'il existe des moyens technologiques, comme l'a montré la sécurité des Jeux Olympiques. L'administration pénitenciaire n'a pas cela à sa disposition."

Pourtant, en 2019 et 2021, la direction de l'administration pénitenciaire (DAP) a mobilisé de nouveaux dispositifs techniques de lutte contre ces drones "malveillants" qui stoppent "95% de la menace", affirme le ministère de la Justice. Cette année, 2,3 millions d'euros sont alloués à la lutte anti-drone. Actuellement, 49 prisons sont équipés d'un système de radiofréquence et de brouillage sur les 186 établisements de l'Hexagone.

L'intelligence artificielle au service de la lutte contre la contrebande?

Mais cela n'est pas suffisant pour endiguer l'utilisation de ce système de livraison malveillant, affirme Wilfried Fonck: "On aimerais disposer des meilleurs équipements pour excercer nos missions en toute sécurité!" La généralisation des dispositifs anti-drones à tous les établissements connaît en effet plusieurs freins majeurs.

"Malgré une volonté de déploiement rapide de ces derniers, de nombreuses difficultés se posent dont la nécessité de disposer de technologies capables d’entraver effectivement les communications, nonobstant les progrès en matière de téléphonie et de réseaux, mais aussi, pour les prisons situées en ville, de prendre en compte l’impact du brouillage sur le voisinage", a précisé la Commission des lois, fin 2025.

Wilfried Fonck face aux GG - 13/08
Wilfried Fonck face aux GG - 13/08
15:24

Certains drones sont désormais piloté via la 4G et sont capable de coutourner les brouillafes. Pour suivre l'évolution technologique, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a commandé un rapport "L'IA au service de la justice" fin juin.

Pour définitivement endiguer les survols de drones dans les établissements carcéraux, le document suggère notamment "l'installation de la détection vidéo intelligente" ce qui permettrait de compléter "les systèmes anti-drone de la DAP (radiofréquence et brouillage) et participerait à la réponse à une problématique commune à l’ensemble des établissements pénitentiaires: la lutte contre l’introduction de produits tels que drogues, cigarettes ou téléphones portables."

En 2025, l'administration pénitiaire estime un manque total de 6.000 agents. La surpopulation carcérale à un atteint un pic de 135% au niveau national en juillet.

TC