Une journée au coeur d'une patrouille de police à Sarcelles
Le défenseur des droits Jacques Toubon a pointé du doigt lundi dans un rapport une "crise de confiance" des citoyens envers les forces de l'ordre. Et les exemples publiés ces derniers jours font tâche. Des groupes Facebook où des forces de l'ordre s'échangent des messages racistes, la diffusion des propos racistes de policiers de Rouen...
Sur le terrain, comment les policiers vivent-ils cette défiance ? Que pensent-ils des annonces du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner? Nous avons suivi lundi une patrouille de police en banlieue parisienne à Sarcelles dans le Val-d'Oise.
Etranglement: "Sur les individus véhéments, il faudra qu'on m'explique comment on va remplacer cette technique"
Depuis 4 ans Sofiane est policier dans le Val d'Oise. Lui et ses deux collègues, Vincent et Nicolas, vivent mal les accusations de racisme dans la police. Ils souhaitent que tous ne soient pas mis dans le même panier.
"Ca m'est déjà arrivé de me faire traiter de raciste, je ne l'accepte pas du tout. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des brebis galeuses, elles sont sanctionnées à juste titre. Dès qu'il y a un acte considéré comme des violences policières tous les policiers sont des porcs et des racistes, c'est écoeurant."
Même incompréhension face aux accusations de violences policières. Pour Sofiane, le discernement guide les interpellations.
"C'est quelque chose qui s'acquiert avec le temps, avec l'expérience, c'est pour ça que dans un équipage on essaye beaucoup d'avoir des anciens."
Des interpellations parfois musclées, qui nécessitent l'utilisation de la technique dite de l'étranglement, explique Sofiane, technique dorénavant abandonnée sur décision du ministère de l'Intérieur.
"Pour moi ce n'est pas possible, quand on est sur des individus véhéments c'est une technique utile qui sort du judo. Il faudra qu'on m'explique comment on va remplacer cette technique."
"Plus ça va, plus on peut avoir le sentiment que ça commence à se fracturer"
Leur quotidien c'est aussi le lien avec les habitants, et leur protection. Mais le lien s'est distendu, constate Nicolas.
"Plus ça va, plus on peut avoir le sentiment que ça commence à se fracturer. A une période je faisais pas mal de sport et j'allais dans des foyers d'accueil pour initier le sport à des jeunes pour occuper leur journée, c'est des solutions."
Début juillet, Christophe Castaner présentera les conclusions du livre blanc de la sécurité intérieure et du schéma national du maintien de l’ordre, pour construire, dit-il, "une police de la confiance".