Une marche pour dire "stop à la violence" entre les jeunes de Villeneuve-la-Garenne et de l'Ile-Saint-Denis

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Les deux villes ne sont séparées que par un pont et pourtant elle se font la guerre. Le 15 septembre dernier, un adolescent de 15 ans de Villeneuve-la-Garenne a été attaqué par des jeunes de l'Ile-Saint-Denis. Lynché à coup de barre de fer, il a été plongé dans le coma pendant dix jours.
Certains vont jusqu'à s'en prendre aux mères qui viennent s'interposer. Cet été, plusieurs d'entre elles ont reçu des coups ou des jets de bombe lacrymogène.
Face à la monté de cette violence, des habitants ont marché ce samedi entre les mairies des deux villes derrière une banderole où l'on pouvait lire: "Pour la paix et l'entente entre nos jeunes".
"C’est parce qu’il l'a regardé peut-être de travers, c’est pour des futilités"
Une manière d'essayer de faire retomber les tensions car à l'Ile-Saint-Denis comme à Villeneuve-la-Garenne, les familles n'en peuvent plus de la violence. C’est le cas de Nadera Drici, la tante de l'adolescent de 15 ans tabassé le 15 septembre dernier.
"Il était assis avec son cousin et deux copains à lui un samedi en fin de journée et des jeunes de l'Ile-Saint-Denis sont venus et ils l’ont tout simplement tabassé. C’est des petites guéguerres. C’est parce qu’il l'a regardé peut-être de travers, c’est pour des futilités".
"C'est des jeunes qui ont 14 ans ou 12 ans"
Si la violence entre les deux villes a toujours été présente, elle s'est amplifiée ces dernières années. Selon Christian, un habitant de Gennevilliers venu en soutien, les jeunes n'ont plus de freins.
"Avant on parlait de jeunes qui avaient 25 ou 30 ans, maintenant c’est des jeunes qui ont 14 ans ou 12 ans. A l’époque, il y avait quand même l’efficacité des grands frères mais il semblerait qu’ils aient perdu en crédibilité, ont vieilli ou sont partis. Ils se sentent peut-être plus libres d’agir".
"C’est depuis qu’on est tout petit, c’est toujours comme ça"
Des leurs côtés, les jeunes ne voit pas d'issue au conflit: "C’est depuis qu’on est tout petit, c’est toujours comme ça. Des mauvais regards, des insultes, de la fierté. Je ne peux rien faire, c’est pas moi qui vais arrêter quand même".
Arrêter la violence c'est pourtant le parie que s'est lancé l'association Respect des valeurs. Elle tente de réunir les jeunes des deux rives comme dernièrement lors d'un tournois de rugby.
"Ce n'est pas ma ville qui est touchée, c’est la France qui est touchée"
Mohamed Gnabaly, le maire de l'Ile-Saint-Denis, appelle à une plus grande cohésion entre les familles et les associations. Mais il dénonce surtout le manque de moyens des communes de Seine-Saint-Denis.
"Ce n'est pas ma ville qui est touchée, c’est la France qui est touchée. Les violences touchent l’ensemble du territoire français. Une commune seule, l’Etat seul, les associations seules, les parents seuls n’y arriveront pas. C’est par l’alliance entre les institutions et la société civile qu’on peut porter la question de la jeunesse collectivement. Néanmoins, l’Etat doit y mettre des moyens. En Seine-Saint-Denis, on manque de ressources. On veut le même niveau de ressources pour la sécurité que nos voisins. Le même niveau de ressources pour l’éducation et pour la santé. Nous sommes des territoires à part entière, nous revendiquons le même niveau de ressources que nos voisins".