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"Une scène de guérilla”: les habitants de Yerres sous le choc après la mort d'un adolescent dans une rixe

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L'émoi après la mort d'un adolescent de 17 ans tué dans une rixe en Essonne. Il a été poignardé devant un lycée professionnel de Yerres. Le jeune homme, blessé au thorax, a succombé à ses blessures. Une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion a été ouverte et 6 personnes ont été interpellées.

Un adolescent âgé de 17 ans est mort lundi lors d'une rixe. Il a été poignardé devant un lycée de Yerres, en Essonne. Blessé au thorax, il n'a pas survécu malgré l'intervention des secours. Selon les premiers éléments de l'enquête, ce décès intervient dans un contexte d'affrontement entre bandes rivales.

Six suspects ont été interpellés. Une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion a été ouverte. La préfète de l'Essonne a déployé des CRS sur place et indiqué qu'elle allait "engager des moyens pour les jours qui viennent".

Autour du lycée, les riverains sont sous le choc après cette scène d'une rare violence. La scène a eu lieu à la sortie des classes, un peu avant 17 heures. Guillaume, habitant du quartier, passait justement par là. Il a vu la scène de ses propres yeux. “Je rentrais pour aller chercher ma femme et aller faire des courses et au final, on tombe sur une scène de guérilla”, déplore-t-il.

Devant le lycée, une quinzaine de jeunes s'affrontent bâtons et couteau à la main.

“Il y avait peut-être, je ne sais pas, une dizaine de personnes qui s’attroupaient, qui se tapaient dessus. J’ai vu une personne être jetée au sol et prendre des coups et après les jeunes sont arrivés de l’autre côté. Ça a tiré au mortier et ils sont partis dans le parc. Et après, à priori, il y a eu le coup de couteau qui a été donné au jeune”, décrit-il.

Une équipe de sécurité devant le lycée ce mardi

Une réunion sur la question des rixes se tenait justement en préfecture, au moment du drame. Car dans le département, les affrontements entre bandes de jeunes venus de quartiers rivaux sont fréquents. “Il y a eu pas mal de bagarres, il y a deux ans, il y avait eu quelqu’un qui s’était fait poignardé à Brunoy. Là, ça revient. Il y a eu pas mal de coups de couteau en ce moment, c’est un peu la galère”, confie Emilie, habitante d'Yerres.

Ce mardi matin, une équipe de sécurité est attendue devant le lycée pour rassurer les élèves et les professeurs.

Ce phénomène des rixes est un peu comparable à "des matchs retour", "ce n'est pas des règlements de compte, c'est une vengeance", selon Olivier Bertrand, journaliste auteur du livre "Une rixe", invité d'Apolline Matin ce mardi.

"C'est très différent des règlements de compte autour du trafic de drogue. Les rixes c'est deux quartiers qui sont rivaux, qui ont investi une partie de leur identité dans la défense de leur quartier et qui vont aller se batter, parfois pour se mesurer, parfois pour se venger", détaille le journaliste.

Une minorité violente

Lors de ses travaux pour son livre, Olivier Bertrand a observé "un phénomène de peur" chez une partie des adolescents concernés, qui mettent par méfiance "dans leur sac des éléments pour se défendre". Utilisés pour se protéger, marteaux, couteaux et autres objets dangereux peuvent finalement servir à commettre un drame.

L'auteur du livre ajoute au micro de RMC que ce type d'événements sont très fréquents: "La plupart des rixes passent sous nos radars. Tous les jours, vous avez des rixes dont on n'entendra jamais parler. La semaine précédente il y en avait une au même endroit. Il y en a énormément. Est-ce qu'elles s'aggravent ? C'est compliqué de le savoir."

Mais ces adolescents, souvent dépeints "comme des brutes, redeviennent des agneaux quand ils sortent de ce phénomène de groupe", assure Olivier Bertrand, qui pointe du doigt "une minorité" violente, que les autres suivent "par peur ou par solidarité".

Julie Brault et Caroline Renaux avec Guillaume Descours