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Fusillade et rixe à Poitiers: pour Bruno Retailleau, "les narco-racailles n’ont plus de limites"

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Sur RMC-BFMTV, ce vendredi matin, le ministre de l'Intérieur confirme qu'une fusillade, ainsi qu'une rixe avec 400 à 600 personnes impliquées, ont fait cinq blessés, dont plusieurs graves, à Poitiers la nuit dernière.

Cinq blessés à Poitiers, après une fusillade et une rixe géante, dans le quartier des Couronneries. C’est le bilan confirmé par Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, ce vendredi matin sur RMC-BFMTV. "Cet évènement a commencé à 22h45, explique-t-il. J’en ai été informé cette nuit. Il y a pour le moment cinq blessés, dont plusieurs graves et même très graves. Ça a commencé par une fusillade sur un restaurant et ça s’est achevé par une rixe entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes. Le préfet parle d’entre 400 et 600 personnes. On ne découvre pas le problème. Je pense qu’on est à un point de bascule. C’est lié bien sûr au trafic de drogue, je vous le confirme."

"Aujourd’hui, les narco-racailles n’ont plus de limites, ajoute Bruno Retailleau. Les Français me comprennent. Ce sont des individus qui utilisent les moyens les plus féroces, les plus violents, pour régler des comptes, satisfaire leur appât du gain. (…) Ça ne passe pas en Amérique du Sud mais à Rennes, à Poitiers, dans cette France de l’Ouest que je connais bien et qui était réputée jadis pour sa tranquillité. Le choix que nous avons aujourd’hui, c’est un choix entre la mobilisation générale ou alors la mexicanisation du pays."

"Plus aucun territoire, ni urbain, ni rural, n’est désormais à l’abri de ce qui est en train de se passer. Les narco-racailles sont partout. Il va falloir les combattre avec une détermination implacable", a conclu Bruno Retailleau. Selon l'AFP, l'une des cinq victimes à Poitiers, âgée de 15 ans, a été hospitalisée en état d'urgence absolue, son pronostic vital étant engagé.

Vers de nouvelles lois contre le narcotrafic?

Pour le ministre de l'Intérieur, la lutte contre le trafic de drogue va aussi passer par de nouvelles lois. "Il y a des lois qui existent et il va en falloir de nouvelles, estime-t-il. Il y a une réaction rapide, immédiate. Mais ce n’est pas avec quelques renforts qu’on va pouvoir régler le problème, qu’on a mis des dizaines d’années à voir venir et qui s’est enkysté. Il faut maintenant des réponses de long terme. J’ai comparé le combat contre le narcotrafic au combat contre le terrorisme. Il va falloir forger une nouvelle législation."

Avec peut-être un parquet anti-stupéfiants, à l'instar du parquet national antiterroriste. "C’est une piste que nous étudions, confirme Bruno Retailleau. Cela relève de mon collègue garde des Sceaux. Moi, j’y suis favorable depuis longtemps. Le narcotrafic ne connaît pas de frontière. Centraliser l’information, une lutte, un combat national, l’incarner, ça me paraît important."

Bruno Retailleau souhaite aussi "un changement de culture". "S’il y a cette offre, c’est ce qu’il y a une demande, pointe-t-il. Il faut sortir de la culture de la banalisation, moi je veux une culture de la responsabilisation. Je demande aux policiers et gendarmes de taper, y compris sur les consommateurs, avec des amendes forfaitaies délictuelles qui seront inscrites au casier judiciaire. Nous allons faire des campagnes de communication. Il faut rappeler que derrière le joint, le rail de coke, il y a ces narcotrafiquants, ces narco-racailles, qui exploitent des réseaux de proxénétisme, qui tuent des enfants, des adolescents, de façon abominable. Le goût du joint, il a le goût des larmes, du sang."

Laurent Picat Journaliste RMC