RMC

Une soixantaine de policiers des stups en colère déposent leurs armes

Locaux de la direction centrale de la police judiciaire à Montpellier. (Photo d'illustration)

Locaux de la direction centrale de la police judiciaire à Montpellier. (Photo d'illustration) - PASCAL GUYOT / AFP

INFO RMC - Alors que deux policiers ont été mis en examen la semaine dernière pour complicité dans un trafic de drogue, environ soixante de leurs collègues ont déposé ce lundi leur arme de service au siège de la Direction centrale de la police judiciaire, en signe de colère. Cette affaire est pour eux la goutte de trop.

La semaine dernière, deux policiers ont été mis en examen pour complicité de trafic de drogue, dans une affaire remontant à quatre ans et toujours en cours d'instruction. Cette décision ulcère certains de leurs collègues de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), au point qu'une soixantaine d'entre eux, l'un après l'autre, ont symboliquement déposé ce lundi leur arme de service à la Direction centrale de la police judiciaire. Après avoir accompli ce geste inédit, ils ont signé un reçu et ont quitté les lieux en promettant d'autres actions de contestation. Ils ne veulent d'ailleurs plus travailler avec la juridiction interrégionale spécialisée

Des changements de cap qui déroutent les enquêteurs 

Les magistrats responsables de la mise en examen des deux policiers ne soupçonnent pas ces derniers de s'être enrichis personnellement, mais d'avoir provoqué un trafic de drogue à travers leur informateur, dont ils n'ont pas mis le téléphone qu'il employait pour communiquer avec un trafiquant sur écoute.

Par ailleurs, les policiers aujourd'hui au coeur de la tourmente avaient opté pour la méthode de l'infiltration dans cette affaire, une stratégie élaborée depuis 2010 et approuvée par la Cour de cassation l'an dernier. La technique est cependant aujourd'hui remise en cause, ce qui déroute les policiers de l'Ocrtis qui ont choisi de protester contre ces changements de cap et le sort réservé aux deux agents: "'Ça pourrait être moi' me confiait l'un d'eux, alors que mon métier c'est justement de lutter contre le trafic de drogue! Dans ces conditions ça devient impossible", explique l'un des policiers de ce service d'élite à RMC. 

Pour les enquêteurs mécontents, déplorer l'absence d'écoutes dans ce type d'affaires n'a pas non plus lieu d'être, tant cette forme de surveillance aurait pu s'avérer contre-productive: "Si on l'avait mis sur écoute on l'aurait davantage encore exposé dans le dossier. On marche sur la tête!" s'exclame un enquêteur. La tension s'accroît donc entre la police et la justice alors que l'ancien chef de l'Office antidrogue, François Thierry, est également mis en examen pour complicité dans un autre dossier. 

R.V. , avec Claire Andrieux