Violences conjugales: pourquoi le bracelet anti-rapprochement peine à se généraliser
Pourquoi les bracelets anti-rapprochement sont-ils si peu utilisés pour protéger les femmes victimes de violence conjugale ? Marlène Schiappa en parlait jeudi matin sur RMC: sur 1000 bracelets anti-rapprochement disponible en France, seuls 76 sont déployés. Ces bracelets anti-rapprochement sont des dispositifs de surveillance qui permettent de tenir éloigné un homme violent, de sa conjointe ou ex-conjointe.
Un avertissement lui est envoyé s'il s'approche à moins de 10 kilomètres de sa victime. S'il ne rebrousse pas chemin, il est contacté par une plateforme de surveillance. S'il continue de s'avancer, les forces de l'ordre sont alertées. Après une première phase de test dans 5 juridictions en septembre 2020, ces bracelets ont été généralisés à tout le territoire en janvier 2021. Des bracelets très efficaces, mais qui se déploient encore assez lentement.
Ce bracelet anti-rapprochement, Anne Bouillon, avocate, l'attendait avec impatience. Elle vient d'ailleurs d'en faire la demande au juge, pour protéger une de ses clientes de son ex-compagnon: "Ma cliente vit dans un état d'anxiété permanent. Elle a le sentiment qu'elle peut le croiser à tout instant. Il s'est montré harcelant, présent à la sortie de l'école et sur son lieu de travail. Elle souhaite qu'il soit tenu à distance par tous les moyens possibles". Et dans ce cas-là, poursuit l'avocate, ce bracelet anti rapprochement s'avèrerait extrêmement efficace.
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"On ne peut pas le décider à la première violence conjugale qui se présente"
Mais il n'est pas adapté à toutes les situations. C'est ce qui peut expliquer qu'il peine à être déployé par les juges assure Anne-Sophie Wallach, secrétaire nationale du syndicat de la magistrature: "Quand il y a des enfants et des questions de garde à mettre en place, le bracelet anti-rapprochement n'est pas adapté parce qu'il faudrait une tierce personne pour faire le passage de bras. On ne peut pas le décider à la première violence conjugale qui se présente".
Les magistrats font également valoir que ce dispositif est très récent, et qu'ils ont besoin d'un peu de temps, pour qu'il trouve sa place dans l'arsenal des mesures
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