Policiers en colère: "On ne demande pas un permis de tuer"

Les syndicats de police appellent à manifester demain - AFP
La fusillade en Seine-Saint-Denis, la semaine dernière, est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Pour faire part de leur ras-le-bol et dénoncer "d'incohérentes décisions de justice", les syndicats de police ont tous appelé à manifester mercredi devant les palais de justice de toute la France et sous les fenêtres de Christiane Taubira, place Vendôme à Paris. Pour tenter de les apaiser, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, doit prendre la parole ce mardi pour fixer leur feuille de route dans un contexte de risque d’attentat et de crise migratoire.
Demande d'un nouveau cadre légal à la légitime défense
Pour autant, dans les rangs de la police, on ne s’attend pas à des annonces spectaculaires de la part du ministre. Alors même que les revendications sont nombreuses. Depuis la mise en place du plan Vigipirate par exemple, le nombre d'heures supplémentaires non récupérées explosent. Il y a aussi une demande concernant la légitime défense. Selon David-Olivier Reverdy, délégué régional du syndicat Alliance, le cadre légal de la légitime défense ne serait en effet plus adapté aujourd’hui à la réalité du terrain pour les policiers, comme l’a montré récemment la fusillade de Seine-Saint-Denis.
"Aujourd'hui, les policiers sont de plus en plus victimes de tirs d'armes à feu, d'armes de guerre. Ce qu'on demande ce n'est évidemment pas un permis de tuer mais que les textes actuels soient mis en rapport avec la réalité du terrain", déclare-t-il sur RMC. "Pour que l'état de légitime défense soit accordé, il faut trois faits: l'absolue nécessité, la simultanéité et la proportionnalité", poursuit-il.
"Une chance sur deux d'être mort"
Et d'affirmer: "Ce qui nous pose problème aujourd'hui c'est la simultanéité. En effet, il faut quasiment attendre que l'individu nous ait tiré dessus pour que l'on puisse riposter dans un cadre légal. On a donc une chance sur deux d'être mort. C'est pourquoi, nous demandons une présomption de légitime, à l'instar de ce qui existe pour les gendarmes, de manière à pouvoir tirer après deux sommations tel que c'est prévu dans le code militaire".
Autre requête d’actualité: les policiers souhaitent que ce qu’ils appellent les tâches indues, comme les gardes statiques, ne leurs soient plus confiées, comme l’explique Jean-Marie Allemand, lui aussi du syndicat Alliance: "On se retrouve à faire la plante verte devant des locaux que l'on doit garder. En ce moment ce sont des synagogues, ça a pu être des églises, des mosquées… En réalité, on ne s'occupe plus de la sécurité des personnes et des biens, des cambriolages, des vols à l'arrachée… Nous demandons donc que ces lieux soient protégés par des équipes de sécurité privée". Enfin, autre problème récurrent: celui des locaux et du matériel qui ne cesse de se dégrader, ce qui mine encore plus le moral des policiers.