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Affaire Bétharram: François Bayrou maintient qu'il n'était pas au courant, LFI réclame sa démission

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Lors des Questions au gouvernement, le député LFI Paul Vannier a réclamé ce mercredi démission du Premier ministre après les révélations de Mediapart affirmant que François Bayrou était au courant des violences sexuelles commises au collège-lycée de Bétharram. Celui-ci a réaffirmé dans l'hémicycle qu'il n'était au courant de rien.

"Vous avez menti aux députés pour dissimuler votre connaissance de violences sur des enfants que vos responsabilités passées vous imposaient de dénoncer. Le mensonge d'un ministre devant la représentation nationale [...] est d'une immense gravité", a lancé ce mercredi avec virulence le député LFI Paul Vannier à l'encontre de François Bayrou, à propos des violences sexuelles commises au collège-lycée de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) et les révélations de Mediapart mardi soir.

Déjà interpellé la veille dans l'hémicycle par le même député, le Premier ministre avait assuré lors de cette séance n'avoir "jamais été informé", dans le passé, de ces agressions sexuelles qui auraient été commises dans l'établissement où ses enfants étaient scolarisés.

"Je récuse les polémiques artificielles", dénonce François Bayrou

"Allez-vous en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission?" a conclu ce mercerdi Paul Vannier dans le brouhaha à l'adresse du maire de Pau, qui est resté stoïque. Ce dernier n'a pas répondu immédiatement et c'est le ministre de la Justice Gérald Darmanin qui a pris la parole, réclamant de la "dignité" avant de préciser que seul le procureur de la République de Pau "pouvait communiquer sur cette affaire". Ce à quoi Paul Vannier a de nouveau pris la parole, arguant que "seule la censure" était le moyen pour "faire cesser l'omerta".

"Je vais redire ce que j'ai redit hier, jamais je n'ai été à cette époque averti en quoi que ce soit des faits qui ont donné lieu à des plaintes et des signalements [...] J'affirme que jamais je n'ai eu la moindre information [...] Je récuse les polémiques artificielles à ce sujet", a répondu ultérieurement le Premier ministre.

La présidente du groupe LFI à l'Assemblée Mathilde Panot a également par la suite réclamé la démission du Premier ministre en raison de cette affaire.

Révélations de Mediapart mardi soir

Dans un article publié mardi soir, le média d'investigation Mediapart a réitéré ses accusations de mensonges envers François Bayrou, en dévoilant notamment une lettre d'un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques.

Adressée avec accusé de réception en mars 2024 à François Bayrou à la mairie de Pau, la missive, qui raconte des faits d'attouchements subis à la fin des années 1950 par cet ancien pensionnaire de Bétharram, est restée sans réponse selon Mediapart. Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme, rappelle l'AFP.

Centaine de plaintes

Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990.

En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l'Education, une plainte avait dénoncé les violences physiques d'un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d'un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, alors qu'il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l'institution avait été mis en examen et écroué pour viol.

Ce mercredi en début d'après-midi, les députés socialistes ont eux aussi réclamé auprès du Premier ministre François Bayrou que "toute la lumière soit faite". "Des articles publiés depuis apportent des éléments qui contredisent la version du Premier ministre. S'ils étaient avérés, cela constituerait un mensonge et donc une faute grave", juge le PS.

Selon les journaux Le Monde et La République des Pyrénées, l'actuel Premier ministre avait rencontré cependant, en 1998, le juge chargé d'instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu'ils avaient évoqué l'affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le "dément aujourd'hui".

"Dès que quelqu'un occupe des responsabilités, on s'ingénie à inventer de toutes pièces des scandales", a lancé le chef du gouvernement à l'Assemblée. Et "si on ne répond pas et qu'on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu'on dément, on est immédiatement mis en accusation."

Léo Manson