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Alexis Kohler va quitter ses fonctions de secrétaire général de l'Élysée après huit ans auprès de Macron

Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler (au centre), arrive à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, le 9 octobre 2023, premier jour des consultations gouvernementales franco-allemandes de deux jours.

Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler (au centre), arrive à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, le 9 octobre 2023, premier jour des consultations gouvernementales franco-allemandes de deux jours. - Ludovic MARIN / AFP

Alexis Kohler, le bras droit historique d'Emmanuel Macron, va quitter en avril les fonctions de secrétaire général de l'Elysée qu'il occupait depuis l'élection du chef de l'Etat il y a huit ans.

Bras droit historique d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler va quitter en avril les fonctions de secrétaire général de l'Elysée qu'il occupait depuis l'élection du chef de l'Etat il y a huit ans, un tournant pour les deux hommes parfois comparés à des frères jumeaux.

Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis à la tête du cabinet de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre, est appelé à lui succéder, a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmant une information du Figaro.

Un tournant majeur dans la présidence Macron

Le tout-puissant secrétaire général de l'Elysée, inamovible collaborateur d'Emmanuel Macron depuis son passage à Bercy, lui a officialisé son départ. L'annonce au reste du cabinet était attendue dans la soirée, selon une de ces sources. Alexis Kohler s'apprête à rejoindre la Société générale, selon le site Politico.

"Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français", lui a rendu hommage Emmanuel Macron dans une déclaration au Figaro. "Il a servi notre pays de manière exemplaire ces années. Je sais combien notre action collective lui doit et je sais qu'il continuera son engagement pour la Nation sous d'autres formes", ajoute-t-il.

Le départ de celui qui portait également le surnom de "vice-président" solde une série de rumeurs et spéculations qui s'étaient amplifiées depuis la fin février. Il marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu'on a prêtés à M. Kohler apparaissent hors du commun: dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco - neuf ans auprès de François Mitterrand - est resté plus longtemps à ce poste stratégique.

Ce Strasbourgeois de naissance, énarque, diplômé de l'Essec et de Sciences Po Paris, marié et père de trois enfants, est par ailleurs le seul à avoir accompli tout un mandat présidentiel. Mieux: il a été maintenu en poste après la réélection, puis après la dissolution.

Celui qui fêtera ses 53 ans en novembre avait déjà été directeur de cabinet du ministre de l'Economie Macron à Bercy (2014-2016) - après avoir été celui de Pierre Moscovici -, à telle enseigne que depuis l'irruption en politique du patron, il est difficile d'imaginer l'un sans l'autre.

Image technocratique

Ceux qui ont prétendu contrecarrer son influence auprès du chef de l'État en ont d'ailleurs été pour leur peine. Ainsi de la réforme des retraites: "Kohler a quasiment mis sa tête sur le billot... Il est névrotique sur la question", expliquait à l'époque un député Renaissance.

Réputé pour son ardeur à la tâche, son "intelligence et sa capacité d'analyse", Alexis Kohler cultivait une réputation ambivalente.

D'un côté, garde-fou de mesures élaborées parfois à l'emporte-pièce par un chef de l'État réputé aussi transgressif qu'insoucieux de leur mise en oeuvre. De l'autre, garde-barrière, celui qui, depuis son bureau attenant, filtrait l'accès à celui du président - ce qui lui vaut des inimitiés parmi les conseillers. Qui arbitre parfois au nom du patron, quitte à être vu par un familier du Palais comme "le castrateur en chef".

Sa loyauté lui avait en tout cas valu d'être l'un des premiers à être mis dans la confidence de l'intention présidentielle de dissoudre l'Assemblée au printemps dernier. Mais son indécollable image technocratique a culminé lors de la crise des "gilets jaunes" que le secrétaire général, selon ses détracteurs, n'aurait pas vu venir.

Si sa silhouette n'apparaît publiquement que lors des annonces de remaniement, sur le perron de l'Élysée, son nom a régulièrement été cité dans la chronique judiciaire. Notamment pour l'affaire MSC: il est mis en examen depuis 2022 pour prise illégale d'intérêts, soupçonné d'avoir participé comme haut fonctionnaire de 2009 à 2016 à plusieurs décisions relatives à cet armateur italo-suisse, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.

Pour la cour d'appel de Paris, "un pacte de silence" a permis à Alexis Kohler de dissimuler ce lien familial. Lui assure n'avoir "jamais considéré être en situation de conflit d'intérêt".

C.A avec AFP