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Ambitions présidentielles pour Bruno Retailleau? "L’Intérieur, voie royale pour commander l’Etat"

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Bruno Retailleau est le ministre qui fait le plus parler de lui depuis la nomination du gouvernement Barnier. Certains lui prêtent même des ambitions présidentielles. Historiquement, c’est en effet un poste qui fait pousser des ailes. C'est l'avis tranché d'Arthur Chevallier ce mercredi, sur RMC.

Mieux vaut être ministre de l’Intérieur que ministre de l’Economie. C’est un fait avéré: c’est plus facile d’envoyer un car de CRS que de faire baisser le chômage. Le ministre de l’Intérieur, c’est un peu notre père à tous. Il nous protège, il nous surveille, mais parfois, quand on n’est pas sages, il se fâche. Alors forcément, quand on joue à être le chef toute la journée, on se dit qu’on peut devenir président.

Bruno Retailleau nourrit-il des ambitions présidentielles? En tout cas, il aurait tort de ne pas le faire. L’Intérieur, c’est la voie royale pour commander l’Etat. Rien qu’au XXe siècle, on a beaucoup d’exemples. Clemenceau a été ministre de l’Intérieur, il avait d’ailleurs réprimé des grèves avec sévérité. Ça lui vaudra une réputation d’homme à poigne, et ça lui sera utile pour être nommé président du Conseil en pleine Première Guerre mondiale.

N’oublions pas François Mitterrand, qui a lui aussi été ministre de l’Intérieur. Et pas n’importe quand, au tout début de la guerre d’Algérie. A l’époque, il n’avait pas hésité à déclarer: "L’Algérie, c’est la France!".

Jacques Chirac n’y coupe pas. Il occupe la place Beauvau sous la présidence Pompidou. Mais rien n’égalera Nicolas Sarkozy, notre éternel premier flic de France. Souvenez-vous, il avait fait de la sécurité une cause nationale, en musclant à la fois les méthodes et les discours. Sa popularité a explosé, et il a été élu président. Depuis, il a été beaucoup copié, mais jamais égalé.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Ministre de l'Intérieur, le poste fait pousser des ailes - 16/10
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L'histoire d'un ministère pas comme les autres

Alors avant, ça s’appelait autrement. C’était un lieutenant général de la police. La fonction a été créée en 1667, et le premier à l’occuper, c’était Monsieur de La Reynie. Il a d’ailleurs créé la première force de police moderne. Sa mission, c’était sécuriser Paris, qui était une ville très dangereuse. Mais le dieu de la Police, le premier à en faire le vrai bras armé de l’Etat, c’est Joseph Fouché, ministre général de la police sous Napoléon. Il réinvente la fonction. La police doit interpeller, oui, mais elle doit surtout surveiller. Tout le monde et tout le temps...

Des mouchards s’infiltrent dans les cafés, les théâtres, les universités et même dans les prisons. Et parmi eux, il y a le célèbre policier Vidocq, l’homme qui a dirigé le premier service de criminalité, ça s’appelait "la sûreté". A partir de cette époque, le ministre de l’Intérieur, ce n’est plus seulement le chef des policiers, c’est aussi l’homme le mieux informé de France.

Pourquoi ces ministres de l’Intérieur sont-ils parfois populaires? Parce que la deuxième passion de la France, après la Révolution, c’est l’ordre. Le ministre de l’Intérieur est le seul à pouvoir utiliser la violence de façon légitime. Dans notre imaginaire, depuis l’enfance, le vrai justicier, ce n’est pas le juge, c’est le policier. C’est lui qui protège les plus faibles des plus forts. Bruno Retailleau le sait, et c’est pour ça qu’il insiste sur l’aspect sécuritaire de sa fonction. Au fond de chaque ministre de l’Intérieur, il y a un Batman qui sommeille.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)