Annuler les cérémonies de vœux pour faire des économies: "Une fausse bonne idée"

C’est ce qu’on appelle une "fausse bonne idée". Faire des économies, maintenant, c’est la réponse à tout. Mais la cérémonie des vœux, ce n'est pas une fête entre copains qu’on annule au dernier moment. C’est un moment où les élus font le bilan de l’année devant leurs électeurs. Si on veut faire des économies, ce n'est pas par là qu’il faut commencer.
D’autant que c’est une vraie tradition républicaine. Même les présidents le font. Les vœux du président, c’est devenu systématique sous la Vᵉ République. Encore une idée du général de Gaulle. D’ailleurs, sous sa présidence, l’exercice est très codifié. Assis derrière un bureau, face caméra. C’est solennel.
Et le premier à innover, c’est Valérie Giscard d’Estaing. Il présente ses vœux assis dans un fauteuil, au coin du feu, avec sa femme à côté, qui ne savait plus où se mettre. Ça faisait un peu le roi Babar et la reine Céleste qui disent bonjour aux gentils Français. C’était clairement grotesque.
François Mitterrand, lui, est le premier à le faire depuis la province. Il adresse ses vœux en décembre 1988 depuis Strasbourg. Jacques Chirac, c’est le premier à faire ça debout. Et Nicolas Sarkozy apporte une touche rock’n’roll en s’adressant pour la première fois aux Français en direct.
D’où vient cette tradition?
À l’origine, les vœux, c’est une tradition religieuse. On va présenter ses vœux aux dieux pour qu’ils soient sympas avec nous pendant l’année. À Rome, sous Jules César, tous les débuts d’années, on allait rendre hommage au dieu Janus. Petit à petit, c’est devenu une tradition civile un peu superstitieuse. L’idée, en gros, c’est de se souhaiter le meilleur pour l’avenir.
En France, il faut attendre le XVIe siècle pour que la nouvelle année commence au même moment pour tout le monde. Sous l’Ancien Régime, le roi ne présente pas ses vœux à son peuple, il distribue seulement des cadeaux à ses proches. C’est une sorte de petit Noël.
Sous le Premier empire, ce qu’on appelle les corps constitués, c’est-à-dire le Sénat, le Conseil d'État, etc, viennent présenter leurs vœux à l’empereur. Et sous la IIIe République, il y a des cérémonies de vœux à l’Élysée, de temps en temps, mais ce n'est pas systématique. Ça se généralise un peu sous la IVe république, à l’Élysée, à Matignon, dans des mairies, mais là encore, rien de très codifié.
Pas vraiment une règle républicaine
Ce n'est donc pas une règle, c’est un rituel qui s’est imposé petit à petit. Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas obligatoire que ce n’est pas important. Les cérémonies de vœux font partie des moments où les politiciens rendent des comptes. C’est une marque de respect. Présenter ses vœux, ce n'est pas un luxe, c’est un état d’esprit.