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Audition de Bruno Le Maire: "Un ministre ne devrait pas dire ça, c’est lui le responsable"

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Bruno Le Maire a été auditionné ce jeudi à l’Assemblée. En cause: le déficit public quand il était ministre des Finances. Et Il s’est emporté en accusant les députés d’être hypocrites, avec une phrase malheureuse: "Qui êtes-vous pour juger?". Pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, un ministre ne devrait pas dire ça.

Une audition à l’Assemblée, ce n’est pas un procès. Demander des comptes aux anciens ministres, c’est le métier des députés. Quand ils parlent, ce sont les Français qui parlent. Donc un peu de respect. De toute façon, dans l’administration, la nouvelle mode, c’est qu’il n’y a jamais de responsable. C’est la faute de personne et il n’y a pas de sanction.

Par nature, Bruno Le Maire est responsable des défaillances de son administration. Un ministre, ce n’est pas seulement un homme politique, c’est le chef d’une administration. Donc le responsable, c’est lui. De façon générale, il y a un sentiment d’impunité dans l’administration.

Prenons l’exemple du Covid. D’abord, il n’y avait aucun risque et soi-disant on avait plein de masques. Finalement, on nous a enfermés des mois et on a importé des masques de Chine à prix d’or. Et quelles sanctions? Rien. Le directeur général de la Santé est même resté en poste deux ans encore. On lui a donné la Légion d’honneur avant de partir! Qui peut trouver ça normal? On est chez les fous.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Dérapage/budget, Bruno Le Maire auditionné à l'Assemblée - 13/12
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Quand Napoléon virait le ministre du Trésor

A la fin du XVIIIe siècle, l’administration est dans un état pitoyable. Rien ne fonctionne. Napoléon arrive et met tout le monde au garde à vous. Il met même en place des feuilles de présence et tous les échelons de l’administration doivent rendre des comptes. Les premiers responsables, ce sont les ministres.

Par exemple, tiens, le ministre du Trésor, Barbé-Marbois, est renvoyé brutalement à cause… d’erreurs de trésorerie, mauvaise gestion et déficit. Quand Napoléon le convoque pour le virer, le ministre se défend, répond qu’il n’a rien fait d’illégal... Napoléon répond: "C’est encore pire. La friponnerie (la malhonnêteté, si vous préférez) a des bornes, la bêtise n’en a aucune". Ce n’était pas la même ambiance qu’aujourd’hui.

A l’époque, ce n’était pas une démocratie comme aujourd’hui. Mais le principe est le même: rendre des comptes. La responsabilité des ministres devant le Parlement, ça émerge au début des années 1830. C’est simple: les ministres sont responsables devant les élus parce qu’on les paye pour un travail. Depuis la IIIe République, c’est un principe constitutionnel. Le rappeler, ça ne fait pas de mal.

Les ministres, on devrait les juger sur leurs résultats, et pas seulement sur leur bonne volonté. Et si on fait ça, les ministres le feront aussi avec leur administration. Tout ira mieux. C’est ce que vivent tous les Français dans leur travail au quotidien. Si on fait une connerie, on est sanctionné et parfois viré. Pourquoi ça serait comme ça pour tout le monde, sauf pour les administrations?

Arthur Chevallier