"C'est de l'indécence": condamné pour fraude fiscale, Jérôme Cahuzac fait son retour public

Incroyable mais vrai, Jérôme Cahuzac fait son retour. L'ancien ministre du Budget, sous François Hollande, condamné pour fraude fiscale, a livré un discours politique dans une salle de Lot-et-Garonne, son fief, lors duquel il en a profité pour dénoncer un "paysage politique dévasté", une "gauche ravagée" et une droite républicaine qui se délite".
"J'ai commis une immoralité. (...) Quand j'ai menti à l'Assemblée, je n'ai pas pensé par moi-même même si j'ai assumé ensuite", a lancé Jérôme Cahuzac devant 200 personnes acquises à sa cause. Accusé en 2013 par Mediapart d'avoir un compte à l'étranger, il avait démenti l'information "les yeux dans les yeux" devant les députés. Il avait finalement été condamné en 2018 à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d'inéligibilité, pour fraude fiscale.
"La gauche est ravagée. (...) Tant qu'elle sera dominée par La France insoumise, aucune prise de pouvoir n'est envisageable. La droite républicaine se délite. On a l'impression qu'elle fait une course à l'échalote avec le Rassemblement national, qui sans rien dire engrange de nouvelles voix", a-t-il lancé depuis Monsempron-Libos, près de son fief de Villeneuve-sur-Lot dont il fut maire.
"Il a payé sa dette à la société"
Une prise de parole qui choque les Grandes Gueules. "Il a contribué à tout ce qu'il dénonce. Par ses mensonges et ses tromperies, il a contribué à ravager la gauche, il a contribué au déficit de confiance qu'on a envers les politiques", tacle ce vendredi Joëlle Dago-Serry. "Et il vient s'ériger en solution alors qu'il a été une partie du problème, il faut soigner ce qui ne va pas et ne pas faire sa thérapie devant nous", ajoute-t-elle.
"C'est de l'indécence", abonde Bruno Pomart sur RMC et RMC Story. "Monsieur Cahuzac, partez à la retraite, faites autre chose", lance-t-il. "Ces gens-là n'ont peur de rien, ont des ego surdimensionnés, ça fait peur", ajoute le maire de Belflou, dans l'Aude.
"En démocratie, les gens votent pour qui ils veulent et c'était quelqu'un de talentueux, Jérôme Cahuzac", défend de son côté l'ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "D'une certaine manière, il a payé sa dette à la société, même si je ne crois pas qu'il a un avenir national", ajoute-t-il.
Jérôme Cahuzac maintient le flou sur ses ambitions politiques
"Si je ne m'exprime que maintenant, c'est parce qu'un condamné, ça purge sa peine et ça ferme sa gueule", a d'ailleurs précisé Jérôme Cahuzac. "Je récuse le procès qui m'est fait qui consisterait à m'interdire d'aller où je souhaite aller, de rencontrer qui veut me rencontrer et de dire ce que je pense", a ajouté le médecin de 71 ans.
Alors que les prochaines élections municipales doivent avoir lieu en 2026 et les législatives en 2027, Jérôme Cahuzac reste toujours très secret sur ses intentions politiques.