RMC
Politique

Rentrée politique du RN: "On sait déjà que Sébastien Lecornu ne nous écoutera pas"

placeholder video
Le porte-parole du RN, Laurent Jacobelli, prédit d'avance que le nouveau Premier ministre "n'écoutera pas" ce que propose le parti d'extrême droite. Ce dernier, qui fait sa rentrée à Bordeaux, se prépare toujours en vue d'une possible dissolution.

Depuis trois jours, élus et militants du Rassemblement National (RN) se sont donné rendez-vous à Bordeaux pour leur rentrée parlementaire. Tables rondes, ateliers thématiques et formations pour les futurs candidats aux municipales rythment l’événement. Mais au centre des discussions, une question domine : l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon et la stratégie à adopter face au nouveau Premier ministre.

"La rupture ou la censure"

Cet après-midi, Marine Le Pen et Jordan Bardella doivent tenir un meeting rassemblant environ 7.000 personnes. Sur scène, les deux figures du RN devraient marteler leur nouvelle ligne de conduite : "la rupture ou la censure". Le message est clair : plus question d’accorder de longs états de grâce au nouveau chef du gouvernement.

Les stratèges du parti insistent : la posture du RN n’est plus la même qu’au moment des discussions avec Michel Barnier ou François Bayrou. Le ton s’est durci et la méfiance s’est installée.

"Chat échaudé craint l’eau froide"

Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, résume auprès de RMC la position de son camp : "Chat échaudé craint l’eau froide. On a essayé de travailler avec Barnier, il ne nous a pas écoutés. On a essayé de dialoguer avec Bayrou, il ne nous a pas écoutés. On essaie de travailler avec Sébastien Lecornu, mais on sait déjà qu’il ne nous écoutera pas. C’est de la macronie chimiquement pure. Il y a peu d’espoir qu’il écoute le bon sens."

Pour autant, pas question d’apparaître comme des agents du chaos. Le RN assure qu’il ne déposera pas de motion de censure dès les premières semaines, à la différence de La France insoumise. "Nous répondrons à l’invitation de Sébastien Lecornu, qui souhaite nous consulter", indique un cadre, tout en précisant que le carton officiel de convocation n’est pas encore arrivé.

Marine Le Pen a listé cette semaine par avance ses nombreuses lignes rouges sur le budget - qui vient d'entrainer la chute du gouvernement Bayrou. Les "augmentations d'impôts sur les retraités" et le doublement des franchises médicales, "ce sera non pour nous, les choses sont extrêmement claires". Le parti à la flamme exige des économies "sur l'immigration, sur l'Union européenne, sur le train de vie de l'Etat", mais aussi "la fraude", les subventions aux associations et aux énergies non renouvelables.

Le RN se prépare pour les municipales... et une dissolution

Au-delà des joutes parlementaires à venir, Bordeaux a aussi servi de vitrine pour montrer un RN "prêt" à toutes les échéances. Marine Le Pen et Jordan Bardella veulent donner de la visibilité à leur parti, afficher leur unité et préparer dès maintenant les municipales.

Dans un contexte politique instable, marqué par la menace d’une nouvelle dissolution, la formation d’extrême droite veut capitaliser sur ce rendez-vous pour envoyer un message : si le pays devait retourner aux urnes, le RN se dit déjà sur la ligne de départ.

Michel Barnier conseille à Sébastien Lecornu de ne "pas faire confiance" au RN

L'ancien Premier ministre LR Michel Barnier a invité dimanche le nouveau chef du gouvernement Sébastien Lecornu à "ne pas faire confiance" au Rassemblement national et à chercher un "accord de non-censure" avec les socialistes, dans un entretien accordé à Radio J.

"J'ai des raisons de ne pas avoir confiance dans le Rassemblement national, dans ce qu'il peut promettre ou ne pas promettre", a affirmé le Savoyard, convaincu que le vote du RN "sera totalement opportuniste comme il l'a été lorsque je suis tombé". En décembre, avant d'être censuré sur le budget de la sécurité sociale, Michel Barnier avait cherché à faire des concessions au RN.

Hélène Terzian avec LM