Censure: François Bayrou pourrait-il sauter dès mercredi? "Ce n'est pas tout à fait impossible"

Ultime journée de réunion, vendredi, entre les 7 députés et les 7 sénateurs de la Commission mixte paritaire pour tenter de s'accorder sur un texte de budget pour 2025. Ils ont débuté leurs discussions jeudi. Chacun des articles a été étudié un à un, à un rythme soutenu. Les élus doivent terminer ce vendredi.
La possibilité la plus probable, c'est qu'un texte commun entre les deux chambres du parlement soit acté. Si tel est le cas, il devra ensuite être adopté, sans doute grâce au 49-3, à l'Assemblée nationale en début de semaine prochaine, en évitant une motion de censure, qui plane sur le gouvernement de François Bayrou.
Les socialistes satisfaits de la première journée
La première journée a été concluante pour les socialistes. "On a d'abord obtenu le rétablissement des 4.000 postes d'enseignant dans l'Éducation nationale. On a obtenu la remise en place de l'agence bio dont nous avions particulièrement besoin. On a obtenu 600 millions d'euros de plus pour les TER et les lignes du quotidien", liste Philippe Brun, l'un des négociateurs du PS.
Mais cela pourrait se corser ce vendredi matin, notamment au sujet de l'Aide médicale d'état pour les étrangers irréguliers. Pas question d'y toucher prévient le PS, alors que Les Républicains veulent la limiter. "La France est très généreuse. Nous avons un panier de soins qui est beaucoup plus large que tous les paniers de soins des pays de l'Union européenne. Donc nous, nous voulons réduire les abus sur l'Aide médicale d'état", déplore Philippe Juvin, élu LR.
Cette réunion devrait tout de même déboucher sur un accord entre sénateurs et députés, puisque les soutiens de François Bayrou y sont majoritaires. Mais rien ne dit qu'il ne sera pas renversé la semaine prochaine.
"La censure a toujours été sur la table", prévient le député du Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy.
La menace est de nouveau brandie par le RN. En cause un article qui pourrait faire augmenter le prix de l'électricité. "Cet article 4 est insupportable pour l'avenir de la France, donc la censure est sérieuse", promet l'élu.
Le PS au centre du jeu
Le gouvernement de François Bayrou pourrait donc disparaître dès mercredi, "c'est pas tout à fait impossible", selon Benjamin Morel, constitutionnaliste et docteur en sciences politiques. "Aujourd'hui on va avoir une Commission mixte paritaire conclusive, le socle commun y ont une majorité et peuvent imposer leur deal et leurs choix, mais il y avait déjà une Commission mixte paritaire avant le budget sur lequel Michel Barnier est tombé", explique le spécialiste, invité d'Apolline Matin, sur RMC et RMC Story ce vendredi.
Ce dernier prévoit même un scenario possible, dans lequel le gouvernement va "très probablement" utiliser le 49-3 et la motion de censure discutée "probablement mercredi". "Si le RN et les socialistes votent en même temps la motion de censure que les insoumis, les écologistes et les communistes, alors il n'y a plus de François Bayrou et bienvenue au mois de décembre", résume Benjamin Morel.
Toutes ces incertitudes pourraient profiter à Marine Le Pen, selon le constitutionnaliste: "Soit les socialistes décident de ne pas censurer, auquel cas, elle a besoin d'incarner la seule opposition et elle peut voter la censure si au bout du compte ça ne lui coûte rien. Et si le PS censure, elle dira: 'Je ne censure pas, si vous avez un budget c'est grâce au RN qui est responsable'." Alors que les socialistes se trouvent dans une "impasse stratégique", bloqué selon lui, car ils pourraient se retrouver "esseulés", sans soutien à gauche, ni celui du gouvernement Bayrou.