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Civitas, parti politique catholique intégriste, provoque l’annulation d’un concert dans une église

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Dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré se penche sur le parti politique catholique intégriste, dont des membres ont poussé à l’annulation d’un concert dans une église de Carnac le week-end dernier.

Un concert dans une église de Carnac, en Bretagne, a dû être annulé samedi dernier à la suite de l’intervention de Civitas, le parti politique catholique intégriste. Ils n'étaient pas très nombreux, les militants de Civitas. Le journaliste de Ouest-France a même pu les compter: 32. Presque tous des hommes.

Samedi soir, ils se sont rassemblés devant l'église Saint-Cornély et ils ont bloqué les portes pour empêcher la tenue d’un concert d’une organiste américaine. En cause, les titres de deux de ses morceaux qui évoquent la “profanation” et le “sacrifice”. Le curé de la paroisse avait examiné de près les œuvres en question sans y déceler quoi que ce soit d’anti-chrétien, mais les manifestants de Civitas ont finalement eu gain de cause. Après une heure de face à face tendu, le maire a préféré annuler le concert pour éviter les violences parce qu’une de ses adjointes venait de recevoir une claque. Le maire parle d’une bataille perdue… Et il a porté plainte.

Ce n’est pas le premier concert annulé par Civitas. C’est une longue tradition depuis des années. Le dernier en date, c’était le concert de Bilal Hassani, qui devait jouer dans une église désaffectée de Metz mais qui a renoncé après des menaces homophobes et des appels à la violence sur les réseaux sociaux.

Civitas, c'était un mouvement rassemblant des catholiques traditionalistes et fondamentalistes, ou radicaux. Il est ensuite devenu un parti politique, ce qui lui a donné accès à des financements publics européens. Il revendiquait, il y a quelques années, un millier d'adhérents et 170.000 sympathisants. Son programme prévoit le retour au catholicisme comme religion d’Etat, l’interdiction de l’avortement, la re-migration des étrangers, c’est-à-dire l’expulsion des immigrés, et surtout l’abrogation du mariage homosexuel avec l’annulation des mariages déjà contractés. C’est principalement à l’occasion des grandes manifestations contre le mariage pour tous que Civitas s'était fait connaître.

Un slogan antisémite

Le parti est dirigé par un Belge, Alain Escada. Il a 53 ans, il est bouquiniste de profession. Il a adhéré à plusieurs partis d'extrême droite en Belgique, puis a créé un hebdomadaire qui rassemble tous les courants de l’extrême droite belge, jusqu’aux néo-nazis. Il préside Civitas depuis plus de dix ans et c’est lui qui en a fait un parti politique qui a présenté des candidats aux législatives de 2017. Des candidats qui ont tous fait des scores dérisoires…

C’est sous sa présidence que le mouvement s’est radicalisé, alors qu’il était au départ plus religieux que politique. Il dénonce l'état de souillure de la société française, la France aux mains de la finance cosmopolite. Il est plus proche d’Eric Zemmour que de Marine Le Pen. Alain Escada qualifie le Rassemblement national de parti de plus en plus arc-en-ciel. C’est-à-dire qui accueille trop d’homosexuels. Le député RN Jean-Philippe Tanguy a menacé d’exclusion les adhérents du Rassemblement national qui s’engagent avec Civitas.

Le 7 mai, Civitas a défilé dans Paris en l’honneur de Jeanne d’Arc. Un rassemblement où l’on pouvait voir des drapeaux royalistes, des références à Charles Martel, celui qui a stoppé les Arabes à Poitiers en 732, mais aussi des pancartes qui proclamaient simplement: "Qui ?". C’est un slogan antisémite, qui est apparu après un débat sur Cnews où un intervenant parlait de ceux qui contrôlent les médias. Un autre invité lui a plusieurs fois demandé avec véhémence: "Qui ? Qui contrôle les médias ?". Jusqu'à ce qu’il réponde: "La communauté que vous savez". La vidéo est devenue virale. Et le mot “qui” est devenu un signe de ralliement. Et le 7 mai

Nicolas Poincaré