Coming-out de Guillaume Kasbarian: "Les Français ont surtout envie de politiques qui travaillent"

Des révélations dans Paris Match dont le timming laisse songeur. En pleine tempête de la motion de censure qui devrait conduire à la démission de Michel Barnier, le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a fait son coming-out dans l'hebdomadaire en présentant son compagnon Antoine, un ancien militaire. Dans un reportage titré L'amour malgré les turbulences, le couple de trentenaires pose dans sa propriété située dans la région de Chartres. Dans une vidéo publiée par Paris Match, le ministre tente d'expliquer sa démarche: "J’ai envie de dire aux Français qu’il n’y a aucun sujet et qui ce qui est important, c’est de se sentir libre et de faire sa vie avec qui on veut".
Beaucoup s'accordent à dire que le timing est "désastreux et délirant", comme sur le plateau d'Estelle Midi. La chroniqueuse Amélie Rosique estime surtout que le coup de com' est raté.
"Le texte est peut-être risible, mais ce n'est pas lui qui a écrit l'article. Et je ne pense pas qu'il ait choisi le timing de diffusion car le coup de com' est désastreux pour lui", juge-t-elle.
"Ce qui est intéressant, c'est que si l'information de fond fait mal parler derrière, c'est qu'on a encore un problème dans ce pays. Si tout ça passe vite à la trappe, ce sera tant mieux", pointe-t-elle.
"Ce n'est pas très moderne"
Spécialiste de communication politique et professeur à Sciences-Po Paris, Philippe Moreau-Chevrolet estime que cette opération dans Paris Match semblait être "calibrée" pour tomber au moment de la grève de la fonction publique, ce jeudi 5 décembre. Guillaume Kasbarian devait affronter une grève des agents qui dénoncent des mesures d'économies et une méthode jugée "brutale", une séquence à laquelle il pourrait assister comme ministre démissionnaire. Le ministre est critiqué sur le fond et la forme, depuis l'annonce fin octobre d'un plan de lutte contre un "absentéisme" dans la fonction publique, et de mesures d'économies à hauteur de 1,2 milliard d'euros.
D'autant qu'il n'avait pas arrangé son cas après ses étonnantes félicitations adressées à Elon Musk, son homologue chargé par Donald Trump de "démanteler" la bureaucratie étasunienne, et avec lequel il se réjouissait de "partager les bonnes pratiques" face à "l'excès de bureaucratie".
"Ça aurait pu essayer d'humaniser le profil du ministre mais visiblement, ils n'ont pas pensé à l'annuler avec la censure", estime Philippe Moreau-Chevrolet, trouvant un goût de "déjà-vu" à cette tactique.
Plus loin que cela, il estime que Guillaume Kasbarian a surtout envie d'accéder à un autre niveau de notoriété. "Ça se voit dans toute sa communication, mais ce n'est pas forcément une bonne idée", juge le spécialiste.
"Ce n'est pas très moderne. Aujourd'hui, les Français ont envie de politiques qui travaillent et qui souffrent un peu avec eux. Ils ne veulent pas forcément voir des ministres qui s'amusent, font la fête, boivent du vin. Quelle que soit leur orientation sexuelle, ce n'est pas vraiment dans l'air du temps", commente-t-il.