Comment Gabriel Attal relance le débat extrêmement inflammable de la GPA

Gabriel Attal remet la GPA au cœur du débat: l’ancien Premier ministre veut légaliser la Gestation pour autrui. Il veut en tout cas en débattre, que son parti planche dessus. Et ça a déjà commencé.

Gabriel Attal, à la tête du parti Renaissance a lancé au cœur de l’été une réflexion sur la GPA, le fait d’avoir un enfant par mère porteuse. Des élus macronistes ont jusqu’à cet automne pour auditionner des experts: médecins, psys, juristes. L'objectif est d'ensuite soumettre la question aux adhérents.

L’entourage de Gabriel Attal assure qu’il ne souhaite pas déposer de proposition de loi. Pour lui, le sujet est tellement clivant qu’il doit être tranché en 2027, dans le cadre de la présidentielle. Gabriel Attal veut laisser le débat se faire oui, mais, celui qui ne cache pas ses ambitions présidentielles défend en tout cas une GPA dite éthique.

Une GPA éthique… qu’est-ce que ça veut dire ?

Ce serait une Gestation pour autrui très encadrée: avec consentement et non lucrative. En clair: la mère porteuse accepte de porter un enfant pour le compte d’autres parents mais sans rétribution financière. Si Gabriel Attal plaide pour une GPA éthique, c’est parce que dans certains pays, la mère peut toucher une très grosse somme pour porter l’enfant, ce qui peut mener à beaucoup d’abus. C’est le cas en Ukraine ou encore dans certains Etats américains.

Gabriel Attal envisage plutôt de s’inspirer de ce qui se fait au Canada, au Royaume-Uni, où seuls les frais médicaux de la mère sont remboursés par les futurs parents.

En France la GPA est interdite

Mais cela n’empêche pas - et ce n’est pas illégal - des parents de recourir à la GPA à l’étranger. Des couples de même sexe ou encore des couples qui ont des problèmes d’infertilité. Avec derrière, des questions juridiques: quel est le statut de l’enfant, et des parents, une fois revenus en France ? Depuis 2014, la transcription à l’état civil des enfants nés à l’étranger par GPA est obligatoire, au nom de l'intérêt supérieur de l’enfant. Quant aux parents, jusque là, seul le parent biologique, celui qui a donné ses gamètes, était reconnu comme parent légal. L’autre parent, obligé de passer par l’adoption. Depuis décembre dernier, la Cour de cassation reconnaît la filiation même en l’absence de lien biologique.

Légaliser la GPA, ce serait donc mettre fin à une forme d’hypocrisie. C’est ce que pense en tout cas Gabriel Attal. L’ancien Premier ministre plaide en faveur de la GPA pour des questions d’égalité: son entourage insiste, contrairement aux idées reçues, près de 2 tiers des couples qui ont recours à la GPA sont hétérosexuels, souvent pour des problèmes d’infertilité. Il parle même d’enjeu de natalité. Clin d’oeil au fameux “réarmement démographique” voulu par Emmanuel Macron.

Le dossier compliqué par Hélène Terzian : Gabriel Attal lance une nouvelle réflexion autour de la GPA - 22/08

4:07

Macron clairement opposé et débat extrêmement inflammable

C’est même une ligne rouge, après avoir légalisé la PMA, la procréation médicalement assistée en 2021, pour les femmes seules et couples de femmes, hors de question pour le Chef de l’Etat d’aller plus loin. "La GPA n’est pas compatible avec la dignité des femmes", c’est ce qu’il disait l’an dernier dans le magazine Elle, "C’est une forme de marchandisation de leur corps”..

Un débat politique très inflammable, on le voit avec les mots du chef de l’Etat qui tranchent forcément, avec ceux de Gabriel Attal, son ancien Premier ministre, le sujet clive jusqu’au sein du bloc central.

Parce qu’en réalité, comme souvent pour des questions sociétales, le débat dépasse le simple clivage gauche/droite. On pourrait croire que toute la gauche soutient la GPA perçue comme une avancée progressiste, mais Jean-Luc Mélenchon par exemple, y est très opposé. Il redoute que les femmes deviennent “un instrument de production”.

Vers une loi pour une "GPA éthique" ? - 22/08

15:16

Même dans les rangs féministes, la question divise entre droit à disposer de son corps et exploitation du corps des femmes. La GPA fait un peu plus l’unanimité contre elle à droite.

Et qu’en pensent les Français ? Ca fait son chemin dans l’opinion publique, dans un sondage Ifop pour BFMTV sorti en mai 2024, 56 % des Français se disaient favorables à la GPA pour les couples homosexuels, et 71 % pour les couples hétérosexuels. Des chiffres en hausse d’après l’institut de sondage, depuis une dizaine d’années et l’adoption du mariage pour tous.

Hélène Terzian (édité par J.A.)