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Conclave retraites: pourquoi la proposition de "prime" pour les seniors de François Bayrou divise

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Les partenaires sociaux se réunissent une dernière fois ce mardi autour de la table sur les retraites. Après quatre mois de débat parfois tendus, le conclave touche à sa fin. Et sans accord, Francois Bayrou pourrait être le fusible. Le Premier ministre a sorti de son chapeau une dernière idée. Celle d'une prime à destination des salariés seniors afin de les encourager à travailler encore un peu.

Les partenaires sociaux se retrouvent toute la journée pour une 17e réunion de négociations du conclave Retraites, prévue pour être la dernière. Après des mois de discussions, les trois syndicats qui n’ont pas encore abandonné, CFDT, CFE-CGC et CFTC, et les deux organisations patronales Medef et CPME se retrouvent pour un ultime face à face pour tenter d'aboutir à un texte commun crucial pour que François Bayrou se maintienne à Matignon.

Le Premier ministre qui a attendu la dernière minute avant la date de conclusion du conclave sur les retraites pour proposer aux partenaires sociaux "l'idée" d'une prime pour les salariés seniors qui décident de continuer à travailler. Une idée formulée lundi en marge d'un déplacement au salon aéronautique du Bourget.

Mais pour l'heure ce que propose le Premier ministre ne semble pas convaincre outre mesure. L'idée, c’est de travailler plus vieux pour gagner plus. Un salarié en âge d'être à la retraite resterait dans son entreprise et toucherait son salaire, mais aussi une partie de sa future pension. Une prime, bénéfique pour arrondir les fins de mois. Bénéfique aussi pour les caisses de l'Etat en dopant l'activité et en versant l'entièreté de la retraite à un âge plus tardif.

Pas de quoi convaincre Amir Reza-Tofighi de la CPME ce mardi matin sur RMC: "Ce n'est pas ça qui nous permettra d'avoir un accord avec les syndicats", juge-t-il.

Combien ça coûte, combien ça rapporte ? Ça, François Bayrou ne le dit pas. "Il a sans doute répété une mesure intéressante qu'il a vu passer furtivement", soupire, en privé, une ministre. D’ors et déjà, la CFDT dit non et n'apprécie pas trop l’intervention. "Il propose un bidule dans l'espoir qu'on ne le censure pas", analyse de son côté un socialiste alors qu'entre la fin du conclave et l'élaboration du prochain budget, la menace d'être renversé va de nouveau se faire sentir pour le Premier ministre.

Un frein à l'emploi des jeunes?

Et la proposition divise aussi chez les Français. Paola est enseignante. Il lui reste trois années avant la retraite. Alors cette idée du Premier ministre, elle n'est pas contre, mais à condition que le pourcentage de la retraite versée soit conséquent. “Il faut que ce soit au moins 50% et s’il y a plus tant mieux”, indique-t-elle.

En revanche pour Véronique, 45 ans, c'est non. “Ça ne compensera pas la charge mentale actuelle. Si j’ai mes annuités, je partirai à la retraite sans état d’âme”, assure-t-elle.

Cyril Chabanier est président de la Confédération française des travailleurs chrétiens et participe au conclave sur les retraites et estime que cette mesure pourrait nuire à l’emploi des jeunes.

“Je comprends l’intérêt financier notamment le fait que ça coûterait moins cher au régime parce qu’il ne recevrait pas l’intégralité de leur retraite. Mais en parallèle quand on est sur un travail pour essayer d’améliorer le taux d’emploi et le taux d’attractivité des jeunes dans notre pays, ce n’est pas en favorisant un maximum de personnes à ne pas partir qu’on va régler ce problème-là. Et puis je crois que c’est une incitation à ne pas revaloriser les petites retraites”, juge-t-il.

Autre réaction celle, CFDT qui dénonce une proposition floue et non chiffrée et qui ne répond pas à la question de pénibilité notamment.

Cyprien Pézeril et Grégoire Morelli avec Guillaume Descours