Des journalistes de Frontières exfiltrés lors d'un rassemblement de collaborateurs à l'Assemblée

L'Assemblée nationale ce mardi 12 mars. - JULIEN DE ROSA
Des journalistes du média identitaire Frontières ont été exfiltrés par les services de l'Assemblée mercredi lors d'un rassemblement de soutien à des collaborateurs parlementaires de La France insoumise, tenu au sein de l'institution en présence de plusieurs députés pour protester contre un article de ce média.
Ce rassemblement était organisé dans les jardins à deux pas de la salle des Quatre Colonnes, à l'appel notamment de la CGT, après la publication d'un article de Frontières intitulé "LFI le parti de l'étranger".
L'article affirme avoir pour but de "questionner la cohérence entre les valeurs affichées par LFI et les pratiques de son écosystème". Il y figure les noms de plusieurs collaborateurs parlementaires de députés Insoumis.
Frontières place des "cibles" dénonce Mathile Panot
Cela les expose "à la vindicte et à la menace", a dénoncé le PS. Frontières place "des cibles sur nos collaborateurs et collaboratrices", a accusé la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot.
Trois journalistes du média Frontières, accrédités à l'Assemblée, ont été identifiés lors du rassemblement. "Frontières, casse-toi, l'Assemblée n'est pas à toi", ont lancé certains manifestants. "Ils étaient en train de filmer des gens, les collaborateurs. C'était le loup dans la bergerie, c'était choquant", a déclaré à l'AFP le député socialiste Arthur Delaporte.
Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un élu communiste, Jean-Paul Lecoq, semble essayer d'écarter ou abaisser le téléphone de l'un d'eux. Une autre vidéo montre les députées socialistes Claudia Rouaux et Ayda Hadizadeh cherchant à prendre la place de ces journalistes sur le perron où ils se trouvaient, face aux manifestants. Les trois journalistes ont ensuite été exfiltrés.
Courriers de la présidente
Ils étaient sur place "pour couvrir l'événement", a déclaré Frontières dans un communiqué, annonçant "porter plainte". Ils ont été "pris à partie de manière grave et inacceptable", poursuit le communiqué, qui "condamne fermement ces actes, qui portent atteinte à la liberté de la presse"
"Dans l’enceinte de l’Assemblée nationale doivent être respectées des règles de comportement qui sont nécessaires à la sérénité des débats parlementaires", a réagi dans un communiqué la présidente de l'institution, Yaël Braun-Pivet, en soulignant ne pas tolérer des démarches "pouvant s’apparenter à une mise en scène ou à des provocations".
"La méconnaissance de ces règles peut donner lieu à des mesures restrictives d’accès à l’Assemblée et de retrait d’accréditation", a-t-elle ajouté. "Elle le rappellera fermement par courrier au média Frontières".
Selon son entourage, Yaël Braun-Pivet va également adresser un courrier à Mme Panot pour rappeler notamment la nécessité de ne pas entraver l'accès à l'hémicycle, et à la CGT pour souligner l'impératif de ne pas "s'en prendre à la presse", ni "causer des troubles à l'ordre public".
Les journalistes de Frontières ont reçu le soutien de nombreux responsables à droite, dont le président du RN Jordan Bardella et le patron des députés LR, Laurent Wauquiez.
"Des journalistes hués, insultés, intimidés physiquement par des députés au cœur même de l’Assemblée nationale. Jusqu’où va-t-on descendre ?", a écrit sur X Marine Le Pen. Eric Ciotti, le président du groupe UDR, allié au RN, a demandé à la titulaire du perchoir "une réponse ferme et immédiate".