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Drapeau palestinien et clash à l'Assemblée: "C'est la fausse aux lions, mais ça ne date pas d'hier"

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Le drapeau palestinien brandi mardi à l'Assemblée et les invectives entre le député LFI David Guriaud et apparenté LR Meyer Habib démontrent-ils une "bordélisation" de l'hémicycle depuis 2022? Selon Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire", ces "incidents de ce type ne datent pas d'hier" et ont été "parfois beaucoup plus violents".

Dans les couloirs de l’Assemblée, ce mardi, peu après l’incident du drapeau palestinien brandi dans l’hémicycle, le tumulte s'est poursuivi jusqu'à la salle des Quatre-Colonnes, point de rencontre entre élus et journalistes, où le député apparenté LR Meyer Habib et le député LFI David Guiraud ont échangé des invectives.

"À qui tu parles? On n'a pas élevé les cochons ensemble", a asséné le premier. Le second lui a rétorqué: "C'est toi le cochon, t'es dans la boue du génocide". "Ce monsieur est un porc, il fait honte à la France", a ensuite lancé David Guiraud. "Espèce de pourriture", a répondu Meyer Habib.

150 sanctions depuis 2022

Depuis le début de cette législature en juin 2022, jamais les incidents n’ont été aussi nombreux. À la fin de l’année dernière, près de 150 sanctions avaient été prononcées contre des députés, contre six seulement entre 2012 et 2017 et seize entre 2017 et 2022.

"Ils sont irrespectueux de leur fonction, de leurs collègues et de la démocratie parlementaire", a taclé ce mercredi Thierry Moreau sur RMC dans Estelle Midi. "Ils s'adaptent à la communication politique d'aujourd'hui. C'est pour faire le buzz et l'ouverture des journaux", a-t-il estimé.

Estelle Midi du 29 mai - 12h/13h
Estelle Midi du 29 mai - 12h/13h
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"Fausse aux lions"

"L'hémicycle, c'est la fausse aux lions. Cela ne date pas d'hier. L'histoire de la IIIe, IVe et Ve République est émaillée d'échauffourées et d'incidents de ce type, parfois beaucoup plus violents que ce que l'on a vécu hier", a toutefois relativisé Arnaud Benedetti, auteur de Comment sont morts les politiques. Le grand malaise du pouvoir et rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire".

"On s'est battu en 1956 à l'Assemblée. Quand les poujadistes et Jean-Marie Le Pen ont été élus, il y a eu des coups de poing", a-t-il rappelé.

"La différence aujourd'hui, c'est la caisse d'amplification des réseaux sociaux et l'écosystème médiatique, qui donne encore plus de relief à ce type de comportements. C'est ce qui fait la différence avec l'histoire parlementaire passée", selon lui.

"L'Assemblée est le reflet de tous les conflits de la société française, qui s'exprime sans filet, sans filtre. Cela ne devrait pas être le cas mais c'est la réalité", estime Arnaud Benedetti.

Alors, la France Insoumise a-t-elle vraiment bordélisé l'Assemblée depuis 2022? "La stratégie politique de LFI, depuis le début, est de tirer toujours plus la corde pour essayer de bousculer le système. Il est dans une stratégie si ce n'est pré-insurectionnelle mais de déstabilisation permanente des institutions par ses propos et provocations", a analysé Arnaud Benedetti.

"L'idée est de rendre impraticable la Ve pour ensuite arriver à la VIe. C'est une vraie stratégie. Les voix habituelles pour obtenir ce qu'on veut ne marchent pas, donc on emploie la force, c'est assumé", a abondé Thierry Moreau.

Le conflit israélo-palestinien "instrumentalisé" par LFI, selon Benedetti

Arnaud Benedetti a par ailleurs affirmé que le conflit israélo-palestinien était "instrumentalisé àà des fins électorales" par les insoumis. "Derrière ce geste (de brandir le drapeau palestinien, NDLR), c'est une volonté d'aller draguer une certaine clientèle politique en perspective des européennes".

"Des études d'opinion ont testé les enjeux importants pour les Français. Le conflit israélo-palestinien n'est certainement pas la priorité de nos compatriotes", selon le rédacteur en chef de la revue "Politique et parlementaire".

D'autres incidents notables depuis 2022

D'autres exemples parmi d’autres avaient retenu l'attention médiatique et suscité l'indignation. En novembre 2022 notamment, lorsque le député RN Grégoire de Fournas lance "Qu'il retourne en Afrique" après une prise de parole de l’élu LFI Carlos Martens Bilongo au sujet de l’immigration clandestine.

Quelques mois plus tard, lors du débat de la réforme des retraites, en avril 2023, une dizaine de députés LFI avaient brandi des pancartes "64 ans c’est non" en chantant la Marseillaise en plein hémicycle.

LM