Enquête ouverte contre le Youtubeur "Papacito" pour "provocation" au meurtre
Une enquête a été ouverte mercredi pour "provocation publique non suivie d'effet à la commission d'atteintes à la vie" visant le Youtubeur d'extrême droite "Papacito", auteur d'une vidéo simulant le meurtre d'un électeur LFI, a annoncé le parquet de Paris.
Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Dans cette vidéo publiée dimanche sur YouTube, et retirée depuis, le vidéaste "Papacito" s'en est pris aux "6%" des "gens qui votent pour le parti de Jean-Luc Mélenchon", chef de file de la France insoumise (LFI), "dans ce pays".
"Peut-être qu'ils seront démunis s'il se passe quelque chose de pas prévu dans les années prochaines. Qu'est-ce qu'on peut faire pour ces gens-là ?", ironisait le Youtubeur, affublé d'un treillis militaire, avant de tirer avec des armes à feu sur un mannequin représentant un électeur LFI - équipé d’une casquette aux symboles communistes ou d’un magazine de yoga - , ensuite lardé de coups de couteau.
Papacito veut "tester si le gauchisme est pare-balles" et s’amuse à tirer sur le mannequin avec un fusil de chasse. "Alors bien sûr le but de cette vidéo n'est pas de vous engager à produire de la violence, elle est purement expérimentale", précisait ensuite "Papacito".
Cette vidéo avait été vivement dénoncée par le candidat La France insoumise (LFI) à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui avait annoncé lundi le dépôt d'une plainte. Fabien Roussel (PCF), autre candidat à la présidentielle, avait également annoncé "saisir le procureur" parce que les communistes y étaient aussi désignés comme cibles.
Cette vidéo avait été montrée du doigt, dimanche, après les propos de Jean-Luc Mélenchon prédisant "un grave incident ou un meurtre" dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, un événement "écrit d'avance", ont suscité l'indignation dans la classe politique.
Le Youtubeur a en revanche reçu le soutien du polémiste Eric Zemmour, qui l'a défendu et décrit comme un "garçon sympathique et intelligent". "C'est une vidéo gaguesque. C'est une vidéo du deuxième degré, du troisième degré", a-t-il estimé sur CNews. "Il se moque de lui-même, c'est de l'autodérision. C'est une espèce de dérision de la virilité".

Si cette scène a été vue plus de 100.000 fois avant d‘être retirée de la plateforme, la chaîne Youtube de Papacito est, elle, toujours accessible. Et on y apprend quelques éléments-clés. Cet influenceur d’extrême droite s’appelle en réalité Ugo Gil Jimenez, bien connu des identitaires et qu’Eric Zemmour présente comme son ami.
Agé de 35 ans, ce Toulousain se dit passionné d’histoire médiévale, fervent royaliste et masculiniste: il défend la primauté des hommes sur les femmes. Sans oublier celle de la "théorie des races", selon laquelle certaines seraient supérieures à d’autres, évoquant par exemple les noirs qui auraient dû rester "dans la brousse", selon ses mots.
Papacito rejette l’immigration et les "islamo-gauchistes", le laxisme de la justice, et s’en prend régulièrement dans ses vidéos aux homosexuels ainsi qu’aux défenseurs du mariage pour tous et de la PMA.
En 2018, avec une autre figure de l’extrême droite sur les réseaux sociaux, Le Raptor, il lance le hashtag "Monte une équipe" pour rassembler les nationalistes de tout le pays. Ce groupuscule compte aujourd’hui environ 400 membres, dont certains affichent ouvertement leur nostalgie du nazisme…