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Entrée au Panthéon de Marc Bloch: "Emmanuel Macron, le champion des panthéonisations"

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Samedi 23 novembre, le président de la République était à Strasbourg pour les commémorations de la Seconde Guerre mondiale. Il en a profité pour annoncer l’entrée au Panthéon de l’historien Marc Bloch. Une sixième entrée au Panthéon depuis son élection. Et pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, c’est un tournant de son mandat. C'est son avis tranché ce lundi sur RMC.

La start-up nation, c’est terminé. Maintenant, c’est commémoration, Arc de Triomphe et Panthéon. La spécialité d’Emmanuel Macron, ce n’est plus l’économie, ce sont les symboles. Puisqu’il n’a pas réussi à rassembler avec la politique, il essaye de le faire avec l’histoire. Et pour ça, le Panthéon, c’est idéal.

Certes, ce n’est pas le premier à le faire, mais c’est quand même un de ceux qui utilise le plus le panthéon. Il a déjà dépassé François Hollande. Nicolas Sarkozy s’était montré plutôt sobre: une seule panthéonisation, c’était l’écrivain Aymé Césaire.

Jacques Chirac, assez sage aussi. Deux écrivains seulement: Alexandre Dumas et André Malraux. Mais le recordman, c’est François Mitterrand. Sous sa présidence, le panthéon, c’est l’usine. Sept entrées en 14 ans. C’est d’ailleurs lui qui avait fait entrer les scientifiques Pierre et Marie Curie en 1995. Quant au général de Gaulle, il s’était contenté d’une seule panthéonisation, mais pas n’importe laquelle: celle du résistant Jean-Moulin.

Ces panthéonisations, une invention de la Vᵉ République?

À l’origine, le Panthéon, c’est une église construite par le roi Louis XV, au XVIIIe siècle. Et sous la Révolution française, la République récupère le bâtiment, mais elle le retire à l’Église. Elle en fait une nécropole nationale, comme un temple laïque. Et on commence à y mettre les héros de la patrie.

Le premier à y entrer en 1791, c’est Mirabeau, un grand révolutionnaire. Et sa particularité, c’est qu’il va en être exclu trois ans plus tard. Parce qu’on va finalement découvrir qu’il n’était pas si républicain que ça... Le Panthéon, c’est comme l’équipe de France, ce n'est jamais gagné…

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Emmanuel Macron, champion des panthéonisations - 25/11
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Le “temple de l’humanité”

Le Panthéon va changer de statuts plusieurs fois au cours du XIXe siècle. Ça va osciller entre temple républicain et église. En 1848, sous la Deuxième République, on lui trouve même un nouveau nom: temple de l’humanité. Il faut attendre 1885 et l’entrée au panthéon de Victor Hugo pour que l’édifice soit définitivement attribué à la République.

Mais est-ce que ça fonctionne vraiment aux yeux des Français? C’est vrai que c’est un peu pompeux et artificiel. On ne fabrique pas des héros comme on fabrique des voitures. Les gens savent d’ailleurs que c’est un peu une comédie. La République, ce sont aussi des rites et des cérémonies. Et pour vivre ensemble, il faut des valeurs communes. La politique nous divise, alors pourquoi ne pas se rassembler autour de notre histoire? Après tout, les morts mettent plus de gens d’accord que les vivants.

Arthur Chevallier