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80 ans de la Libération de Strasbourg: Emmanuel Macron annonce la panthéonisation de Marc Bloch

Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 20 juin 2024.

Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 20 juin 2024. - ANDRÉ PAIN / POOL / AFP

Emmanuel Macron est dans le Bas-Rhin ce samedi 23 novembre afin de marquer les 80 ans de la Libération de Strasbourg, du joug de l'Allemagne nazie. Le chef de l'État y a annoncé à la mi-journée la panthéonisation de l'historien et résistant Marc Bloch. Il a également déclaré que la "tragédie des Malgré-nous doit être nommée, reconnue et enseignée".

Emmanuel Macron marque ce samedi 23 novembre le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne et aux incorporés de force.

Le chef de l'État, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale a asssité place Broglie à la cérémonie militaire, avant un de tenir un discours à l'université. "La tragédie des Malgré-nous doit être nommée, reconnue et enseignée", a-t-il déclaré, avant d'annoncer la panthéonisation de l'historien et résistant Marc Bloch.

Marc Bloch fusillé par la Gestapo en 1944

Arrêté par la Gestapo et fusillé trois mois plus tard en 1944, professeur d'histoire du Moyen-Age à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l'étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l'économie. En 1929, il a notamment fondé avec Lucien Febvre la revue des "Annales d'histoire économique et sociale", qui a eu une résonance universitaire dans le monde entier.

Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s'engage dans la résistance au tournant des années 1942/43. Il est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

Place Broglie, Emmanuel Macron salué la mémoire du général Leclerc et des hommes de la Deuxième division blindée, libérateurs de Strasbourg le 23 novembre 1944, après s'être juré trois ans plus tôt lors du serment de Koufra (Libye) de combattre jusqu'à ce que le drapeau français flotte sur la capitale de l'Alsace. En clin d'oeil, les couleurs de la France ont été de nouveau hissées sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg durant la cérémonie.

"Malgré-nous"

"La tragédie des Malgré-nous doit être nommée, reconnue et enseignée", a dit le chef de l' État. Plus de 130.000 Alsaciens et Mosellans, considérés comme Allemands après l'annexion de ces territoires, ont dû intégrer l'armée allemande et 12.000 ne sont jamais revenus, un drame qui reste douloureux dans la région, 80 ans après la fin de la guerre.

Très longtemps, les "Malgré-nous", associés pour certains à l'un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.

"Après la guerre, on va surtout valoriser la mémoire héroïque, résistante, tout ce qui peut refaire le ciment de la France. Et dans toute cette histoire, les Malgré nous, ça fait un peu tache, ce n'est pas glorieux, ça ne  permet pas de construire une mémoire qui sera nationale", pointe l'historien Christophe Woehrle.

"80 ans après, il faut poser des mots et des actes, il faut sortir des sentiments" de honte et de la "non-reconnaissance", estime la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian qui appelle le président à se prononcer pour l'indemnisation des orphelins de "Malgré-nous".

Entre France et Allemagne

Au Struthof, Emmanuel Macron ravivera la flamme au pied du Mémorial aux héros et martyrs de la déportation, après une "visite sobre et solennelle" du camp où 17.000 personnes périrent.

Le chef de l'État visitera également le Musée mémorial d'Alsace-Moselle à Schirmeck, qui retrace l'histoire des habitants de la région, ballotés entre France et Allemagne durant des décennies entre 1870 et 1945, et rend hommage aux 36.000 Alsaciens et Mosellans décédés durant la guerre.

LM avec AFP