Expliquez-nous: Jacques Chirac sur la scène internationale

- - -
On retient le refus de participer à la guerre du golfe, un coup de gueule à Jérusalem, un référendum raté en 2005, on retient tout cela, mais il ne faudrait pas oublier le Baptême du feu.
Nous sommes le 27 mai 1995, Jacques Chirac est à l'Elysée depuis 10 jours seulement et il est réveillé dans la nuit. On l’informe qu’en Bosnie, les Serbes de Sarajevo viennent de prendre de force le contrôle d’un pont dans le centre-ville. Le pont de Vrbanja.
Jacques Chirac réagit en militaire et ordonne que l’on reprenne ce pont. C’est un tournant, parce jusque-là, les militaires français avec leurs casques bleus ne faisaient pratiquement que de l’aide humanitaires. Ils observaient impuissant alors que d’un seul coup on leur demande de faire la guerre.
Les français partent à l'assaut du pont. Le jeune capitaine François Lecointre dirige l'opération. (ce jeune capitaine est aujourd’hui, le chef d'état-major des armées). Il demande à ses hommes de mettre leur baïonnette au canon parce que cela risque d'être un corps à corps. Vous imaginez, baïonnette au canon, comme en 14 ! Et ce sera effectivement un corps à corps. Les français perdent deux hommes. Les serbes, trois. Le pont est repris.
Les jours suivants, le ton monte. Les Serbes prennent des soldats français en otage. Jacques Chirac et Bill Clinton se mettent d’accord pour riposter par des bombardements. Bombardements qui vont très vite avoir raison des serbes. Milosevic leur président va capituler.
Bien sûr ce sont les américains qui ont joué le rôle majeur dans la fin de cette guerre. Mais le facteur déclenchant, c’est que Chirac venait, depuis 10 jours seulement, de succéder à François Mitterrand, et qu’il a donné cette ordre simple que Mitterrand n’aurait jamais donné: « reprenez le pont de Vrbanja ». Baptême du feu réussi.
Et dans la foulée, on l’a un peu oublié, mais Jacques Chirac va avoir un deuxième geste d’autorité. Il décide de procéder à un essai nucléaire.
Alors que le monde entier souhaitait interdire ces essais, Jacques Chirac a estimé que la France avait besoin de faire exploser une dernière bombe à Mururoa. Ce qu’il a fait malgré l’opposition des bateaux de Greenpeace, malgré les émeutes à Tahiti.
Il voulait signifier que la France était une puissance nucléaire qui ne rendait de compte à personne.
Mais sa décision la plus importante viendra bien plus tard: son refus de participer à la deuxième guerre du golfe en 2003
Oui deux ans après le 11 septembre, le président américain Georges Bush fils veut entraîner tous les alliés dans sa croisade pour faire tomber le dictateur irakien Saddam Hussein.
Les américains affirment qu’ils disposent d’armes de destructions massives, armes chimiques ou nucléaires. Chirac n’y croit pas et refuse de participer à la coalition. Et il avait raison. Saddam n’avait pas d’arme de destruction massive et l’invasion irakienne a tourné au désastre. La France s’est évitée ce désastre et Jacques Chirac est devenu incroyablement populaire dans le monde arabe.
Sauf qu’en réalité il était déjà populaire dans le monde arabe
Oui, depuis octobre 1996. Il avait fait une tournée de 10 jours au Proche-Orient, Syrie, Liban, Egypte, territoires palestiniens et Israël. Et le dernier jour dans les rues du quartier arabe de Jérusalem. Il pique une énorme colère contre les services de sécurité Israélien qui l'empêchent de serrer la main des arabes de la vieille ville. C’est l’image qui a fait le tour du monde de Chirac criant a un petit moustachu, patron du service de sécurité des hautes personnalités. “What do you want, do you want me to go back to my plane and go back to France. This is not a method, this is a provocation".
On a beaucoup dit après que Chirac a improvisé ce coup de sang, mais qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il savait que les images d’un policier israélien se faisant tancer comme un petit garçon, allait faire le tour du monde arabe. Et c’est ce qu’il s’est passé.
Jacques Chirac a aussi connu des échecs en politique étrangère
Oui, le principal, c’est le "Non" au référendum sur l’Europe en 2005.
Pour ratifier une nouvelle constitution européenne, la France pouvait choisir la voie parlementaire ou le référendum. Jacques Chirac était convaincu que les français allaient le suivre. Et bien non. Et c’est le non qui l’a emporté avec plus de 54%. Et trois jours après, les Hollandais ont voté comme les français.
La construction européenne ce jour-là avait nettement marqué le pas. Et l’Europe ne s’en est jamais tout à fait remise.