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"Expliquez-nous": pourquoi le gouvernement serre-t-il la vis face à l'épidémie?

Olivier Véran a donc annoncé mercredi une série de mesures drastiques pour endiguer l’épidémie. Cela concerne toutes les grandes agglomérations et en particulier Marseille.

Quelles options s’offraient à Olivier Véran pour endiguer le retour de l’épidémie de coronavirus? La plus prudente du point de vue sanitaire, défendu par Olivier Véran, c’est la ligne “On ferme les bars”, et puis la politique qui privilégie l’économie, la ligne “on ne casse pas la reprise”. 

Le 11 septembre, Emmanuel Macron avait tranché pour l’économie. Les médecins du conseil scientifique avaient annoncé des mesures difficiles, mais finalement après un conseil de défense, Jean Castex nous avait simplement demandé de faire bien attention. Et de se laver les mains. On avait ce jour-là décidé de ne rien décider. 

Olivier Véran s’était fait recadrer pour avoir trop défendu sa ligne de fermeture des bars et des restos. Jeudi, nouveau conseil de défense, et cette fois, c’est la ligne Véran qui l’a emporté. Et c’est donc lui qui est venu, mercredi à 19h30 annoncer des mesures beaucoup plus sévères qu’attendu. 

Parce que depuis 12 jours, la situation s’est aggravée, a expliqué le ministre de la Santé. Les territoires français sont désormais classés en tenant compte de trois critères. Le nombre de cas sur 100.000 habitants dans la population générale, le nombre de cas parmi les plus de 65 ans, et le nombre de lits de réanimation occupés. Ce qui nous donne une carte de France avec quatre couleurs, vert, rose, rouge et rouge écarlate. Et trois niveaux d’alerte. 

Marseille, un cas à part

Onze des plus grandes agglomérations françaises sont classées rouge dont Paris et la petite couronne, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Grenoble Montpellier, Rouen. En plus de Bordeaux, Lyon et Nice qui étaient déjà classés rouges depuis une semaine. C’est la France des grandes villes, là où vivent environ un Français sur cinq. 

Dans ces zones rouges, les bars fermeront à 22 heures au plus tard à partir de lundi. Les salles de sports et les gymnases ferment aussi, les salles des fêtes ferment également. Les stades n'accueillent plus que 1.000 personnes au lieu de 5.000. Les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits dans l’espace public. Par exemple dans les parcs et jardins. 

Voilà pour l’essentiel. Pour l’instant les cinémas, théâtres et musée restent ouverts et pas de mesure annoncée pour les écoles et les entreprises, si ce n’est d’encourager le télétravail. 

Et puis il y a le cas de Marseille et sa métropole, Aix Marseille, seul territoire métropolitain classé en rouge écarlate, l'alerte maximale. 

Toutes les mesures que l'on vient de lister s’y appliquent. Plus la fermeture dès samedi de tous les bars et restaurants, toute la journée. Plus d’autres mesures que les préfets pourront décider. 

Les élus marseillais sont furieux. On a entendu Samia Ghali tout à l’heure qui dit qu’elle comprendrait si des restaurateurs devaient désobéir. C’est le mot punition qui revient le plus souvent. Les élus sont unanimes pour se plaindre de ne pas avoir été consultés. 

Renaud Muselier, président de la région, parle d’une “punition collective extrêmement grave”. La maire de Marseille, Michèle Rubirola ne décolère pas, elle parle d’une décision que personne ne peut comprendre. Le député LR Eric Diard prévoit un “vent de révolte”. 

À Paris, la maire Anne Hidalgo dénonce aussi d’avoir été mise devant le fait accompli.

Comment expliquer ce manque de concertation? 

Il y a 15 jours, Jean Castex avait insisté sur la nécessité de mesures concertées, décidées localement par les préfets et les élus locaux. Et jeudi retour au centralisme, aux décisions que le gouvernement impose depuis Paris. Et en les annonçant à quelques minutes des journaux de 20 heures, renforçant une impression de brouillon. 

Les mesures étaient peut-être nécessaires, un certain nombre de médecins les saluent ce matin, mais la méthode est catastrophique. 

Nicolas Poincaré