Fin de vie: "De nombreux points ne vont pas dans ce projet de loi", déplore le président de l'ADMD

Le projet de loi sur "l'aide à mourir" comporte encore de "nombreux points" à améliorer, selon Jonathan Denis, président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. L'auteur de "Mourir dans la dignité - Plaidoyer pour la dernière des libertés", à paraître jeudi 28 mars, était l'invité ce mercredi d'Apolline Matin, sur RMC.
Le texte, dont Emmanuel Macron a dévoilé les contours le 10 mars, doit être présenté en Conseil des ministres en avril, probablement au début du mois, avant d'entamer le 27 mai dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale un examen parlementaire prévu pour durer plusieurs mois. Jonathan Denis s'est entretenu récemment avec la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, et estime que celle-ci est " prête à porter ce projet de loi".
Des euthanasies illégales pratiquées par des médecins
Le président de l'ADMD raconte, dans son livre de témoignages, l'histoire de son père, qui avait bénéficié en 2008 d'une euthanasie illégale de la part du médecin de l'hôpital où il avait été hospitalisé, après avoir ingurgité une pilule pour mettre fin à ses jours. Celui-ci souffrait d'un cancer généralisé.
"Il s'est procuré quelque chose qui n'a pas eu l'effet escompté, il est tombé dans un coma irréversible. Le médecin, qui connaissait mon papa, m'a dit: 'On va l'aider, on va accélérer les choses'. Une euthanasie clandestine, donc illégale, comme des milliers d'autres Français", relate Jonathan Denis.
Une seule étude statistique existe sur le sujet de l’euthanasie clandestine. Publiée par l’Institut national des études démographiques (Ined), elle chiffrait en 2012 à 0,8 % les décès consécutifs à une injection létale en France.
"Mon père avait décidé de dire stop car ses souffrances étaient insupportables. C'était sa liberté, on se devait de le respecter", explique Jonathan Denis.
Selon lui, il "y a encore beaucoup d'autres hypocrisies qui montrent qu'on doit faire évoluer la loi". S'il estime que Catherine Vautrin est "prête à porter le projet de loi" et salue le travail d'Agnès Firmin Le Bodo, ancienne ministre de la Santé, Jonathan Denis espère donc des évolutions avec l'examen du texte au Parlement.
"Le moment est venu que les parlementaires s'en saisissent car de nombreux points ne vont pas dans ce projet de loi et devraient, hélas, obliger des personnes à aller à l'étranger", estime-t-il.
Le patient fait la demande, le médecin tranche
Selon le projet de loi, c'est le patient qui fait la demande d'aide à mourir à un médecin, qui tranche seul après avoir consulté d'autres soignants, dans un délai de 15 jours. En cas de refus, seul le malade peut déposer un recours, "devant la justice administrative".
Si l'aide à mourir est autorisée, le médecin prescrit une "substance létale" à la personne, qui sera "accompagnée" jusqu'au bout par un soignant, même si elle s'administre seule le produit.
Une personne devra "être âgée d'au moins 18 ans", "être de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France", "être en capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée", "être atteinte d'une affection grave et incurable engageant son pronostic vital à court ou moyen terme", et enfin "présenter une souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable liée à cette affection".
Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio réalisé après les arbitrages d'Emmanuel Macron, ceux-ci sont approuvés par 82% des personnes interrogées.