Gabriel Attal fait de la sécurité et de "l’ordre" une de ses priorités absolues

Gérald Darmanin et Gabriel Attal au commissariat d'Ermont-Eaubonne le 10 janvier 2024 - Bertrand GUAY / AFP
"Je ne conçois pas de société sans ordre et sans règles", a martelé le chef du gouvernement lors d'une visite dans un commissariat de police à Ermont (Val-d'Oise), près de Paris, bien décidé à faire de l'autorité une de ses marques de fabrique comme à l'Éducation précédemment.
"Les Français aspirent à vivre tranquillement et paisiblement dans notre pays", a-t-il ajouté en référence aux émeutes urbaines de l'été 2023 qui ont aussi touché Ermont.
"Ils sont dans l'attente que nous poursuivions cet effort absolu pour leur sécurité", a-t-il insisté.
Gabriel Attal a aussi pris soin de mettre en scène sa propre autorité alors que beaucoup s'interrogent sur sa marge de manoeuvre future face à des ministres plus expérimentés et qui visent déjà la succession du président de la République Emmanuel Macron.
Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur sortant, dont la présence a semblé confirmer sa reconduction, sont apparus tout sourire. Même si Gérald Darmanin était parfois en retrait, l'air pincé.
"Reset"
Au lendemain de sa nomination, le nouveau locataire de Matignon a par ailleurs poursuivi ses discussions avec le chef de l'État sur le futur casting gouvernemental. Le président "a envie de faire un peu reset", confie une source au sein de l'exécutif.
Les deux têtes de l'exécutif se sont vues pendant deux heures autour d'un déjeuner. Ils avaient déjà échangé jusqu'à 02h du matin dans la nuit de mardi à mercredi.
La composition du futur gouvernement pourrait être dévoilée dès jeudi, au moins au niveau des ministres de plein exercice, selon des sources au sein de l'exécutif. Celle des secrétaires d'Etat interviendrait dans un second temps.
"La logique voudrait un Conseil des ministres avant la fin de la semaine, mais je ne sais pas s'ils vont assez vite pour cela", a relevé une source gouvernementale.
Les ministres de plein exercice pourraient être entre 12 et 16, leur nombre actuel, avec une parité totale entre hommes et femmes, ce qui complique la donne au vu de la surreprésentation masculine parmi les ministres pressentis.
Devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République, l'éphémère ministre de l'Éducation nationale va composer son équipe sous le signe du "réarmement" et de la "régénération" souhaités par Emmanuel Macron. Dans l'attente de la fumée blanche, des noms ont commencé à circuler.
"Cause de l'école"
Bruno Le Maire, autre poids-lourd qui pourrait avoir mal vécu la nomination du jeune Attal à Matignon, est donné restant à Bercy, de même qu'Éric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu aux Armées.
Dans une précédente configuration envisagée il y a quelques jours, Sébastien Lecornu aurait changé de poste, et la Défense avait été proposée à Elisabeth Borne qui, selon BFMTV, l'a refusée.
La ministre des Solidarités Aurore Bergé pourrait être promue à l'Éducation nationale, à moins que le poste ne revienne à l'ex-ministre Amélie de Montchalin ou encore à Amélie Oudéa-Castéra qui garderait les Sports avec les JO dans un secrétariat d'État dédié.
Ce portefeuille de l'Éducation sera examiné de près alors que son éphémère détenteur Gabriel Attal a promis mardi d'emmener "la cause de l'école" avec lui à Matignon.
Les spéculations fusent aussi sur ceux qui pourraient quitter le navire, comme plusieurs ministres de l'aile gauche de la Macronie qui avaient exprimé leur désaccord avec la loi sur l'immigration. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui attend son jugement le 17 janvier dans une affaire de favoritisme, serait aussi sortant.
Équation difficile
L'exécutif doit également trouver un difficile équilibre pour la composition d'une équipe gouvernementale que certains voudraient plus resserrée.
Les exigences sont multiples: essayer de respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier de traiter des secteurs soucieux d'avoir un ministre pour les représenter.
Le nouveau Premier ministre, également chef de la majorité, s'est entretenu dès mardi soir avec Edouard Philippe et mercredi avec François Bayrou, deux ténors de la majorité qui ne voyaient pas forcément d'un très bon oeil son arrivée à Matignon.
François Bayrou a confié au Parisien ses "interrogations" sur "l'expérience" de Gabriel Attal pour occuper le poste de Premier ministre. Manière de faire "monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement", analyse un cadre macroniste parlementaire.