"Il faut faire très attention aux mots et aux symboles": Valls recadre Darmanin et Retailleau

Recadrage. Manuel Valls a recadré ce jeudi sur RMC-BFMTV deux ténors du gouvernement, à savoir Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Concernant le premier, l'ancien Premier ministre de François Hollande l'a intimé d'"utiliser les bons mots", en référence au terme utilisé par le ministre de l'Intérieur - "barbares" pour qualifier les personnes ayant commises des dégradations en marge de la victoire du PSG.
Pour le second, Gérald Darmanin, cela concerne la création d'un quartier haute-sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, les peines minimales et la fin du sursis: des volontés affichées par l'actuel garde des Sceaux. "Il faut toujours faire très attention aux mots, aux symboles, à ce que cela peut laisser entendre", a ainsi mis en garde Manuel Valls, ministre des Outre-mer, appelant à la "sagesse", au "recul" et à l'"expérience".
"Cela concerna les narcotrafiquants de la région. On ne va pas y envoyer des terroristes islamistes", rappelle Manuel Valls à propos du projet de prison en Guyane
Pour la Guyane, le ministre de la Justice Gérald Darmanin avait en effet annoncé fin mai dans le Journal du dimanche la création d'un quartier de haute sécurité de 60 places dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni. Il a provoqué incompréhension et colère chez les élus de Guyane, certains y voyant "un retour du bagne".
"Ce n'est pas le bagne"
Face aux critiques, le ministre avait écrit le ministre avait écrit au président de la collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville. Plus question comme cela avait été dit au JDD d'enfermer dans le futur "quartier de lutte contre la criminalité organisée" des détenus radicalisés condamnés pour des attentats jihadistes. Ce quartier est "destiné à isoler totalement les narcotrafiquants des réseaux qui sévissent en Guyane et aux Antilles", ajoute le garde des Sceaux.
"Quand on parle d'une prison en pleine jungle pour y mettre les narcotrafiquants, on a l'impression qu'on réinvente, et Gérald Darmanin s'en est défendu, le bagne. Cela n'a rien à voir", a assuré Manuel Valls. "En Outre-Mer, il y a une sensibilité sur l'histoire, les blessures coloniales."
"La République et la société ont besoin d'ordre. Dans ces moments de grande fragilité démocratique [...] il faut utiliser les bons mots."
Le numéro 3 du gouvernement l'assure: "La lutte contre le narcotrafic en Guyane et dans les Amériques est une priorité." Et de marteler: "Il faut des moyens et des prisons neuves de haute sécurité."
Concernant les peines minimales, Manuel Valls alerte surtout sur une possible fin du sursis, comme évoquée par Gérald Darmanin, ce qui "contreviendrait à la Constitution"."Il faut être extrêmement attentif à l'Etat de droit. A chaque incident ou émeutes, il faut essayer de ne pas réinventer en permanence le droit et de ne pas surréagir [...] même "si ça nous est tous arrivés de surréagir", a concédé Manuel Valls.