Il n'y a plus de ciment électoral possible au PS

- - AFP
Laurent Bouvet est professeur de science-politique à l'Université Paris-Saclay. Cofondateur du Printemps Républicain.
"Le PS va nécessairement changer. Il était déjà largement moribond mais il a, en plus, perdu beaucoup de ses appuis, de sa base et de ses élus ces dernières années. Le nombre a quasiment été divisé par deux, et il y a des régions où le PS n’est quasiment plus présent. Par rapport à son apogée en 2012, c’est une fuite très importante.
Il est divisé comme jamais il ne l’a été, avec des éléments qui ne sont plus conciliables. Les synthèses, la gauche plurielle de Jospin, ça, c’est fini. Il n’y a plus de ciment électoral possible. Ce qui tenait ensemble les différentes gauches dans le PS avant, c’était le l’intérêt électoral. C’est terminé. Il va y avoir - non pas une disparition pure et simple, parce que ça, cela n’existe pas en politique – mais une refondation. On est au bout d’un cycle.
"On est dans quelque chose qui est en train de mourir"
La différence avec le congrès de 2008 entre Royal et Aubry, c’est que c’était un problème de personne. Il y avait des choses en commun dans les idées qu’elles véhiculaient. Là, on a non seulement un problème de leadership classique, mais en plus on a des options politiques très différentes. Cette primaire révèle bien des options politiques: Hamon et Montebourg, ce n’est pas la même chose. Je ne suis pas persuadé que c’est juste une énième crise. On est dans quelque chose qui est en train de mourir. Après, est-ce que quelque chose de nouveau va naître…
"La primaire n’est pas la panacée à laquelle tout le monde pensait"
On s’était convaincu au sein du PS que la primaire allait résoudre le problème de la déliquescence du parti. Et que ça permettrait de légitimer le candidat. Hors, on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Quand il y a une perspective de victoire, ça marche. Mais quand il y a une perspective de défaite et qu’on arrive au bout d’une période de pouvoir avec une division très forte, ça ne marche plus. La primaire n’est pas la panacée à laquelle tout le monde pensait.
Il y a deux fortes candidatures hors-primaire, Mélenchon et Macron, qui se sont positionnées classiquement. En creux, elles montrent bien l’état du PS. Elles montrent bien aussi qu’il y a des offres idéologiques très claires, on voit bien les lignes. Au milieu de ça, au PS, on ne voit pas les lignes. Si on s’y intéresse, et pas grand-monde ne s’y intéresse, on voit bien qu’il y a des différences. Mais c’est l’éclatement des ambitions.
On a l’impression que c’est davantage pour se positionner pour la suite que les uns et les autres ont accepté d’aller dans cette primaire. Pour ramasser le morceau. La primaire ne sert pas à désigner le candidat en le légitimant, mais simplement à faire un état assez large du rapport de force".