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Incidents du Stade de France: pourquoi Gérald Darmanin est la cible des Anglais et de l'opposition

Le ministre de l'Intérieur Français, Gérald Darmanin, s'explique ce mercredi devant le Sénat après les incidents en marge de la finale de la Ligue des champions samedi dernier au Stade de France. Il est notamment mis en cause pour les chiffres donnés par son ministère sur le nombre de faux billets contrôlés.

Gérald Darmanin s’explique ce mercredi devant les sénateurs après les événements de samedi dernier au stade de France. Le ministre de l'Intérieur reste très contesté en France comme en Angleterre. Gérald Darmanin est mis en cause par les Anglais et par l’opposition en France pour une sorte de double faute.

D’abord, les manquements et les ratés du soir du match à Saint-Denis. Puis la double faute, la communication totalement ratée depuis, communication basée sur le déni, sur l’absence de regret et sur quelques arrangements avec la vérité. Le tout accompagné d’une bonne dose d'arrogance.

Le ministre de l’Intérieur maintient depuis samedi que le problème vient d’abord des supporters anglais. Il l'a dit dès samedi depuis le stade de France, il l’a répété lundi en conférence de presse, puis au 20 heures de TF1. “Il n’y a manifestement que dans le football et avec certains clubs anglais que nous assistons à ce type d’événement”, a-t-il dit.

Et le ministre a répété plusieurs fois ce chiffre. 30 à 40.000 supporters anglais sont venus au stade de France sans billet ou avec de faux billets, une fraude “massive, industrielle et organisée”. Voilà selon Gérald Darmanin la grande cause des incidents de samedi.

Le problème, c’est que l’on ne sait pas d'où vient ce chiffre énorme de 30 à 40.000 fraudeurs. Le ministère de l’Intérieur affirme le tenir de la fédération française de football, sauf que la fédération ne confirme pas. La RATP indique avoir transporté environ 70.000 personnes vers Saint-Denis, ce qui correspond à la capacité du stade. Enfin selon les informations de RMC sport, ce sont en fait 2.800 faux billets qui ont été scannés aux portiques d'entrée du stade du côté des supporters anglais.

Les chiffres du ministère de l'Intérieur sont contestés par les Anglais. “Oui c’est des conneries” a par exemple écrit en français l’ancien attaquant Gary Lineker, qui était sur place. L’ensemble de la presse anglaise conteste que l’on ait pu avoir une telle foule de fraudeurs. Un reportage de la télévision Sky News montre l'extérieur du Stade de France à 22 heures, c'est-à-dire 25 minutes après le coup d’envoi. C'est absolument désert. Si bien que l’on se demande, mais où sont donc passés en une demi-heure seulement les fameux 40.000 supporters sans billet ?

Entendu devant la Commission des lois de la culture du Sénat

Gérald Darmanin a aussi mis en cause les supporters anglais pour leur violence, alors que les Anglais, eux, ont surtout été choqués par la violence de la police.

Finalement, avec le recul, on sait aujourd’hui qu’un peu plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées samedi soir, qu’une cinquantaine ont été placées en garde à vue, mais aucune pour intrusion dans le stade. C’était principalement des pickpockets et des délinquants des cités voisines du Stade de France, venus pour dépouiller les supporters. Finalement, six personnes seulement ont été envoyées mardi devant la justice et aucun Anglais parmi ces six personnes.

Ces accusations de violences ont été particulièrement mal vécues à Liverpool parce qu’il est vrai que la ville et son club ont longtemps été célèbres pour leurs hooligans, bagarreurs, dangereux violents, mais cela fait des années, voire des dizaines d’années que les choses ont changé.

À Liverpool, personne en particulier n’a oublié la catastrophe de Sheffield. C'était en 1989, un mouvement de foule, dans le stade avant le match, avait entraîné la mort de 97 personnes, écrasées contre les barrières. Depuis, les supporters de Liverpool savent le danger que représente un mouvement de panique autour d’un stade. Et d'après la presse anglaise, cela explique en partie pourquoi ils sont restés calme samedi.

Gérald Darmanin n’a sans doute pas fini de devoir s’expliquer sur cette affaire. D’abord, parce que les Anglais lui demandent des excuses et puis parce que l'opposition en France veut des explications.

Ce mercredi après-midi, il sera interrogé au Sénat par les commissions des lois et de la culture. Il aura sans doute du mal à maintenir sa version selon laquelle tout est de la faute des Anglais. Plusieurs leaders de droite ou d'extrême droite le traitent de menteur “pathologique”.

Nicolas Poincaré