"J’en suis sorti complètement démoli": condamné pour homosexualité, il espère être réhabilité par l'Etat

Le gouvernement veut réhabiliter les condamnés pour homosexualité. Une proposition de loi proposée par le PS et soutenue par le gouvernement est examinée ce mercredi à l'Assemblée nationale pour reconnaître la "responsabilité" de l'État.
L'homosexualité était considérée à l'époque comme un "fléau social" et 10.000 hommes ont connu les tribunaux, voire la prison, entre 1942 et 1982, en raison de leur seule orientation sexuelle. Ces hommes, qui ont connu la clandestinité, sont les mêmes qui ont ensuite été décimés par les années Sida. Beaucoup sont donc morts depuis.
Derrière ses lunettes rondes, Bernard Bousset se souvient précisément de l'injustice de ce jour de 1964 devant le tribunal, quand il a été condamné à verser une amende parce qu'il était "inverti", comme on disait. Avec en plus, la parution de son nom dans le journal.
“Tout le monde riait de ça... J’en suis sorti démoli, complètement. Dans la rue, je rasais les murs. À la moindre occasion, c'était une insulte", raconte-t-il.
"On était honteux"
L'homosexualité a été dépénalisée en 1982. Bernard Bousset est devenu une figure de la cause homosexuelle à Paris, mais jamais totalement libéré de ces années de répression.
“C’est un traumatisme qui m’a suivi. Il y avait des rafles. La police arrivait et c’était ça en permanence. On était honteux. Moi, j’ai été honteux toute ma vie”, confie-t-il.
Pour Bernard et les milliers de condamnés qui ont perdu leur travail, leur famille, ou qui ont connu la prison, il est important que l'Etat demande pardon, estime Flora Bolter, à la tête de l'Observatoire LGBTI+.
“C’est quelque chose qui laisse de très lourdes traces sur plusieurs générations. Et c’est important aussi pour notre génération de dire que c’était une erreur, et que l’Etat reconnaisse sa responsabilité dans ce fait”, appuie-t-elle.
Elle espère que les députés rétabliront dans le texte la réparation financière des condamnés. Les sénateurs, en novembre, l'avaient supprimée.